Des milliers de Grecs ont manifesté mardi leur colère contre le budget d'austérité, qui doit être voté mercredi au Parlement, lors de défilés émaillés d'incidents violents au centre d'Athènes, au premier jour d'une grève générale de 48 heures.

Au même moment, l'Union européenne (UE) a haussé le ton pour que les députés grecs votent ce texte en agitant le chiffon rouge d'une faillite immédiate de la Grèce si l'impopulaire plan d'austérité n'était pas voté.

Le président de l'UE Herman Van Rompuy a affirmé que les heures à venir allaient être «décisives» pour la Grèce, mais aussi pour la zone euro et l'économie mondiale.

Toutefois, un groupe de jeunes qui ont attaqué à coups de barres de fer des façades en marbre sur la place Syntagma et le ministère des Finances voisin, en marge de la manifestation des syndicats, n'étaient guère prêts à recevoir ce genre de conseils.

Les forces antiémeutes ont jeté des salves de gaz lacrymogène pour les disperser, laissant la place Syntagma noyée sous un brouillard irritant et jonchée de petits bouts de marbres, munition utilisée aussi bien par les manifestants que par certains policiers.

Plusieurs façades ont été endommagées. Les marches de marbre des hôtels de luxe qui bordent la place ont été descellées ou cassées en morceaux pour servir de projectiles. Selon la police, l'affrontement a fait 27 blessés, dont 21 policiers, tandis que trois personnes ont été arrêtées.

«Les Européens nous disent qu'ils nous lâcheront si le plan n'est pas voté, mais la faillite, on y est déjà. Toucher le fond nous permettrait au moins de remonter, alors que ce nouveau plan ne résoud rien», a lancé Anna Théodorou, une secrétaire de 38 ans.

Une femme de 36 ans, Iamando, ajoutait: «Nous ne voulons pas de votre argent, Europe. Laissez-nous tranquilles, s'il vous plait!».

Peu avant, les manifestants, qui étaient beaucoup moins nombreux que lors de la grève générale du 15 juin, avaient défilé aux cris de «Le projet de loi ne va pas passer !».

D'importantes forces policières - 4.000 hommes selon les autorités - avaient été déployées, bouclant à la circulation le centre d'Athènes. Le Parlement était entouré par des centaines de policiers tandis qu'une barrière était dressée devant l'entrée du bâtiment pour empêcher les manifestants de s'approcher.

La grève a touché les transports maritimes et aériens et les coupures d'électricité se sont poursuivies en raison d'une grève observée depuis la semaine dernière par l'entreprise publique d'électricité, la DEI.

À part le métro, les transports en commun à Athènes n'ont pas fonctionné.

Les grévistes protestaient contre le plan pluriannuel d'austérité 2012-2015 prévoyant hausses d'impôts et privatisations massives, qui devait être voté mercredi au Parlement. Il impose de nouveaux sacrifices aux Grecs, après la rigueur de 2010, afin que le pays évite la faillite et puisse toucher une nouvelle aide financière vitale de ses partenaires européens et créanciers.

Des banques étaient également fermées, les hôpitaux fonctionnaient avec du personnel d'astreinte et les journalistes ont observé un arrêt de travail de cinq heures en début d'après-midi, ce qui a affecté les journaux radiotélévisés et les sites internet.

«La crise économique est une guerre moderne, ils vont nous prendre notre terre, ils vont tout vendre» se lamentait Maria, 28 ans, place Syntagma, les yeux rougis par les gaz.

Les affrontements de la place Syntagma n'ont pas impressionné la Bourse d'Athènes, qui semblait mardi soir croire au vote du plan prévu mercredi. Elle a terminé en hausse de 2,6%.