Après un bref intervalle de stagnation dû au ralentissement économique mondial, la consommation d'énergie s'est remise à augmenter à la vitesse grand V. Le taux de croissance de 2010 est le plus élevé enregistré depuis 1973.

C'est ce qu'indique le plus récent portrait de la planète énergétique rendu public hier par la société pétrolière britannique BP.

Selon ce bilan annuel, la consommation totale d'énergie a augmenté de 5,6% l'an dernier, et dépassé le record établi en 2008, avant le début de la récession.

Sans surprise, la Chine est devenue en 2010 le pays qui consomme le plus d'énergie sous toutes ses formes dans le monde, surpassant pour la première fois les États-Unis, un pays trois fois moins peuplé.

En Chine seulement, la consommation d'énergie a augmenté de 11,2% en 2010. Mais toutes les régions du monde ont augmenté leur consommation d'énergie, a souligné l'économiste en chef de BP, Christof Rühl, dans une présentation vidéo.

La consommation d'énergie a augmenté plus vite que la croissance économique. «Tout compte fait, la planète Terre, c'est-à-dire nous tous, a consommé plus d'énergie en 2010 que jamais auparavant», a-t-il commenté.

Les statistiques de BP confirment donc celles publiées récemment par l'Agence internationale de l'énergie, indiquant une augmentation sans précédent des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

Le Canada est au cinquième rang du classement des pays les plus énergivores. Malgré sa population de 34 millions d'habitants, il consomme autant d'énergie que l'Allemagne (82 millions) et un peu plus que la France (65 millions).

L'utilisation de toutes les formes d'énergie a augmenté en 2010, mais c'est le charbon qui a crû le plus rapidement, à un rythme de 7,6%. La Chine consomme la moitié de tout le charbon utilisé dans le monde.

Le pétrole demeure la source d'énergie la plus consommée sur la planète, mais sa part du marché est en déclin pour la 11e année consécutive,

En 2010, la consommation de pétrole a augmenté de 3,1%, la plus faible hausse de tous les combustibles fossiles. Ça s'explique par son prix relativement élevé, selon l'économiste de BP.

Hier, le prix du brut a continué de grimper parce que l'Arabie Saoudite n'a pas réussi à convaincre les autres membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) d'augmenter la production. Les pays de l'OPEP ont réduit leur niveau de production il y a deux ans pour faire face à la récession mondiale et ne l'ont pas encore relevé, ce qui explique en partie les prix élevés.

Le marché, qui s'attendait à une augmentation de la production, a fortement réagi. Le pétrole de référence américain a fini la journée à 100,74$US, en hausse de 1,65$US. Le Brent a augmenté de 1,07$US, à 117, 85$US.

La consommation a augmenté en 2010, et la production aussi, mais à un rythme plus modeste, note le rapport de BP. Par exemple, la consommation de pétrole a augmenté de 3,1%, mais la production a crû moins vite, à 2,2%. Les réserves prouvées de pétrole seraient suffisantes pour 46,2 années de production au rythme actuel, selon l'entreprise.

Pour la première fois cette année, le bilan énergétique de BP inclut les énergies renouvelables comme les biocarburants et l'éolien. Ces nouvelles formes d'énergie représentent 1,8% de la consommation mondiale.

Le rapport annuel sur l'énergie de BP a 60 ans. Il s'agit d'une des rares sources de statistiques crédibles dans ce secteur. Quand il a été publié pour la première fois, en 1952, il s'intéressait uniquement au pétrole, dont le prix avait varié dans l'année précédente de 1,67$US à 2,41$US le baril.