La ministre française des Finances Christine Lagarde apparaît comme la grande favorite pour prendre la tête du FMI après avoir obtenu ce week-end le soutien de Londres et de Berlin, mais compte désormais deux rivaux déclarés, son homologue belge et un Mexicain.

La course à la succession de Dominique Strauss-Kahn, contraint à la démission du fait de son inculpation pour tentative de viol à New York, s'ouvre officiellement lundi, date à laquelle le conseil d'administration de l'institution enregistrera les candidatures, et ce jusqu'au 10 juin.

Mme Lagarde n'a pas encore officiellement fait connaître son intérêt pour le poste. Mais elle apparaît depuis plusieurs jours déjà comme la mieux placée pour la candidature européenne.

Ses chances se sont encore renforcées ce week-end car les ministres allemand et britannique des Finances, Wolfgang Schäuble, et George Osborne, l'ont adoubée.

«Si Christine Lagarde se décidait à être candidate, l'Europe aurait les meilleures chances d'occuper à nouveau ce poste», a déclaré le premier. «Du point de vue du mérite, je crois que Christine (Lagarde) est la candidate évidente pour le FMI, et c'est pourquoi la Grande-Bretagne va la soutenir», a déclaré le second.

Le ministre belge des Finances, Didier Reynders, a toutefois lézardé dimanche le front européen en faveur de la Française.

Le Belge a indiqué dimanche être aussi «bien entendu» intéressé par la direction générale du Fonds monétaire international. «Ce sont des fonctions qui ne se refusent pas», a-t-il ajouté, arguant de son expérience de ministre des Finances, poste qu'il occupe dans son pays depuis 1999, et du fait qu'il siège «depuis douze ans» au comité monétaire et financier international, chargé de conseiller la direction du FMI.

Tout en reconnaissant que Christine Lagarde est «très concrètement» favorite, il a égratigné la prétention de la France à vouloir garder le poste de directeur général du FMI dans son giron après «DSK». La France a occupé ces fonctions pendant 34 ans (le FMI a été créé en 1945).

M. Reynders se pose manifestement en solution possible de recours au cas où sa collègue française serait handicapée par ses ennuis judiciaires.

Un procureur français a en effet récemment menacé Mme Lagarde d'une enquête pour sa gestion du règlement par un tribunal arbitral d'une affaire opposant Bernard Tapie à l'ancienne banque Crédit Lyonnais. Affaire s'étant soldée par le versement 240 millions d'euros à l'homme d'affaires français, plus une centaine de millions d'intérêts et 45 millions pour préjudice moral. Une décision doit être prise dans les prochaines semaines.

Hors d'Europe, Mme Lagarde va devoir surtout batailler face aux prétentions des pays émergents à enfin accéder à la tête du FMI, alors que les fonctions de directeur général étaient jusqu'ici réservées à un Européen, les Etats-Unis présidant toujours en parallèle la Banque mondiale.

Le Mexique a annoncé dimanche son intention de présenter la candidature du gouverneur de sa banque centrale, Agustin Carstens.

La Communauté des Etats indépendants (ex-URSS moins les pays baltes et la Géorgie) a fait part, quant à elle, de la candidature du chef de la banque centrale du Kazakhstan, Grigori Martchenko. Et de possibles candidats chinois, indien ou sud-africain sont évoqués.

Les gouvernements européens, déterminés à conserver le poste jugé vital pour les aider à gérer la crise de la dette en zone euro, sont en train de réfléchir à une compensation à donner en échange aux pays émergents, a indiqué à l'AFP un ministre européen ayant requis l'anonymat.

Le Brésil s'est déjà dit prêt à appuyer un candidat européen s'il poursuivait les réformes en vue de la «démocratisation» du FMI.