Face au déploiement sécuritaire massif pour protéger Deauville à l'occasion de la réunion du G8 des 26 et 27 mai, une bonne partie d'activistes anarchistes, autonomes et libertaires pourraient bouder la ville balnéaire au profit d'actions décentralisées, comme à Paris et à Berlin.

Soucieuses d'éviter les violences en marge du G8 présidé par la France, les autorités ont mobilisé plus de 12 000 policiers, gendarmes et militaires aux alentours de Deauville. Dans les airs, des drones assureront la surveillance du périmètre.

Une débauche de moyens visant à empêcher tout débordement des éléments les plus radicaux du mouvement anti-G8, notamment les membres de la mouvance «anarcho-autonome», dans le collimateur de la police française qui y voit les héritiers du groupe Action directe.

Selon un policier spécialiste de l'anti-terrorisme, cette nébuleuse, qui compte «quelques centaines de personnes motivées seulement», «va tenter de perturber le sommet du G8, comme c'est habituel», comme vont «tenter de le faire les altermondialistes».

Impossible d'exclure que certains fassent le voyage, les autonomes revendiquant un mode d'action spontané, hors cadre syndical ou politique. Toutefois, cette année, le mot d'ordre des militants anti-G8 semble plutôt pencher en faveur du boycottage de Deauville, au profit d'initiatives locales.

«Deauville, nous ne boirons pas de ton eau!», proclame l'«Appel de Dijon», adopté fin novembre sur des bases «anticapitalistes et antiautoritaires» à l'issue d'une réunion internationale et relayé en plusieurs langues sur les sites internet alternatifs (Dissent!, indymedia, ...).

«Nous ne voulons pas aller exactement là où nous attendront les forces répressives», écrivent ses auteurs. «Les contre-sommets de Strasbourg, Copenhague et Bruxelles ont été instructifs: nous ne voulons pas servir une nouvelle fois d'entraînement aux techniques contre-insurrectionnelles des forces de l'ordre».

Ce groupe appelle ainsi à «des actions décentralisées»: «blocage des flux économiques», «attaques contre les symboles de l'État et du capital», «manifestations ou occupations»...

Suivant la consigne, un collectif parisien a décidé d'organiser des manifestations dans la capitale française les 26 et 27 mai. «Le G8 est partout! Nous aussi! Ne les laissons pas décider pour nous!», martèle leur tract.

Dans la même veine, un collectif allemand baptisé «Berlin contre le G8!»,  appelle à une manifestation le 26 mai dans la capitale allemande, suivie le lendemain d'«actions créatives directes contre le capitalisme et le G8».

La Fédération anarchiste a appelé à une manifestation ce samedi à Paris en faveur de l'autogestion qui a rassemblé 150 personnes.

De nombreuses organisations altermondialistes, syndicales et politiques ont choisi elles la forme traditionnelle du contre-sommet. Mais ce dernier se tiendra au Havre, à 17 km de Deauville, et commencera dès samedi, plusieurs jours avant le début de la réunion du G8.

«On attend 5000 à 10 000 personnes pour une manif festive et dynamique», affirme Ronack Monabay, un des organisateurs. De fait, de 4000 (police) à 7000 personnes (organisateurs) ont défilé sans incident dans les rues du Havre.

Toutefois, jure M. Monabay, «ça ne va pas être le sommet de Gênes (en 2001, ndlr) ou de l'OTAN» en 2009 à Strasbourg, tous deux émaillés de violences provoquées notamment par les «Black Blocks», individus vêtus de noir et masqués, issus de la mouvance autonome.

«Nous n'attendons absolument pas de bloc anarchiste pur et dur. On est quasi-certains qu'ils ne viendront pas. D'habitude, on entend parler de leur venue. C'est pourquoi on ne comprend pas du tout la tension que fait monter la police. Ils mettent en avant une minorité fantasmée pour décrédibiliser tout le monde et faire flipper les gens».