Les États-Unis ne soutiennent officiellement personne pour succéder à Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI, mais semblent avoir ouvert une voie royale pour la ministre de l'Économie française Christine Lagarde.

Alors que Mme Lagarde est en train d'émerger comme la candidate unique de l'Europe, le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, insiste justement sur le fait que les États-Unis veulent une transition «rapide».

M. Geithner a de plus indiqué vendredi que son pays était prêt à soutenir un candidat «capable d'obtenir un large soutien parmi les membres du Fonds».

Or, à en croire le New York Times et le Wall Street Journal, qui ont publié des articles particulièrement favorables à Mme Lagarde, c'est elle qui «émerge comme favorite pour la tête du FMI».

Ministre de l'Économie depuis 2007, en première ligne pendant la crise économique, Mme Lagarde dirige actuellement les travaux de ses pairs au sein du Groupe de Vingt (G20), dont la France assure la présidence. Cela semble correspondre aux «qualités de direction» et à la «forte expérience» demandées également par Washington.

Les États-Unis sont les premiers actionnaires du Fonds monétaire international, et rien ne peut s'y faire sans leur accord.

Ancien économiste en chef du FMI, Michael Mussa a indiqué à l'AFP ne voir «aucune objection que les Etats-Unis pourraient opposer à Mme Lagarde».

Traditionnellement, États-Unis et Européens se répartissent la direction du FMI et de la Banque mondiale, la première revenant à un Européen et la seconde à un Américain.

Cette organisation héritée du sortir de la deuxième guerre mondiale est remise en question par les pays émergents, mais ceux-ci traînent à se rassembler sur une candidature, alors que l'Europe fait preuve d'unité.

Le Trésor américain a souhaité que le processus de sélection du prochain directeur général du FMI soit «ouvert», ce qui n'exlut a priori personne.

Mais pour le professeur d'économie Peter Morici (Université du Maryland), «il faut un Européen à la tête du FMI» vu l'implication actuelle du Fonds dans plusieurs pays du Vieux Continent.

Rappelant que le FMI est chargé de surveiller le marché des changes, il estime que nombre de candidats d'Asie sont discrédités par avance aux yeux des Américains dans la mesure où leurs pays ont «enfreint les règles» en jouant sur leur monnaie pour soutenir la croissance de leurs exportations.

John Lipsky, l'Américain qui assure l'intérim à la tête du Fonds, doute d'ailleurs que la sélection soit véritablement ouverte. «Avec un peu de chance, 'ouvert' signifiera ouvert, et pas ouvert à certains» seulement, a-t-il dit jeudi.

Selon une source proche du dossier, la France avait déjà préparé le terrain à la candidature de Mme Lagarde en sondant plusieurs partenaires du FMI il y a quelques semaines, alors que l'hypothèse d'une candidature de M. Strauss-Kahn à la présidentielle française de 2012, et donc son départ du FMI d'ici à juillet, semblait de plus en plus probable.

Mme Lagarde, qui a travaillé longtemps aux États-Unis et parle un très bon anglais, est très appréciée à Washington.

M. Geithner, qui la croise régulièrement au G7 ou du G20, écrivait en mai 2009 dans Time Magazine qu'elle était l'une de ces «personnalités extraordinaires» dont le monde avait besoin dans les moments cruciaux comme ceux provoqués par la crise financière.

M. Mussa rappelle néanmoins que «la campagne officielle n'est pas encore commencée», et que par conséquent rien n'est joué.