La Chine a annoncé mardi des exportations record et un confortable excédent commercial pour avril, tandis que la croissance plus lente des importations signale une faiblesse de la demande intérieure, au moment où les États-Unis renouvellent leur appel à une appréciation du yuan.

Les exportations ont atteint le mois dernier 155,7 milliards de dollars, surpassant le précédent record de 154,1 milliards de dollars US datant de décembre, ont annoncé les douanes.

Ces exportations, en hausse de 29,9% sur un an, ont permis au premier exportateur mondial de dégager un excédent commercial de 11,4 milliards de dollars le mois dernier.

Les importations ont également progressé, mais de seulement 21,8%, pour atteindre 144,3 milliards de dollars.

L'excédent est le résultat «d'importations plus faibles dues à des prix plus faibles des matières premières et d'une demande ralentie en Chine», a déclaré à l'AFP Ken Peng, économiste chez Citigroup, qui s'attend à «un excédent encore plus important en mai».

Pékin avait enregistré un déficit commercial de 1,02 milliard de dollars pour la période de janvier à mars.

«Après une anomalie au premier trimestre, les chiffres du commerce chinois sont revenus à une tendance avec un fort excédent en avril, jetant un coup de froid sur les attentes d'un rééquilibrage rapide de l'économie chinoise», a commenté pour sa part Alistair Thornton, économiste de IHS Global Insight basé à Pékin.

Cet analyste estime que la réapparition d'un excédent commercial dans la deuxième économie mondiale est «surtout due à une décélération de l'économie chinoise qu'à une forte demande mondiale, ce que montre la croissance beaucoup plus lente des importations qui reflète la demande intérieure».

Dans le cadre du 12e plan quinquennal (2011-2015) adopté en mars, le gouvernement a dit vouloir rendre la Chine moins dépendante des exportations et davantage de la demande intérieure, mais peine visiblement à traduire cette volonté dans les faits.

Les importants excédents commerciaux de la Chine contribuent à l'accumulation massive de réserves de change par Pékin, qui ont dépassé cette année les 3.000 milliards de dollars, et alimentent une inflation qui s'est accélérée au cours des derniers mois.

Les chiffres du commerce extérieur chinois sont publiés alors que se tient dans la capitale américaine le dialogue stratégique et économique (SED) entre la Chine et les États-Unis, qui ont appelé à un rééquilibrage de leur relation avec Pékin.

Washington continue à insister sur une réévaluation du yuan, arguant que la faiblesse de son taux de change, fixé quotidiennement par la banque centrale chinoise, donne un avantage compétitif indu aux exportateurs chinois.

La monnaie chinoise s'est toutefois appréciée d'environ 5% depuis juin dernier et a atteint mardi un nouveau record de 6,4950 yuans pour un dollar, comme souvent lors de rendez-vous délicats.

Certains parlementaires américains estiment le yuan sous-évalué dans une fourchette de 20% à 40% par rapport au billet vert et demandent une accélération du processus de réévaluation.

Le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a souligné lundi à Washington la nécessité pour la Chine d'adopter un système de taux de change plus flexible, alors que le yuan ne fluctue aujourd'hui que de 0,5% par jour au maximum par rapport au billet vert, autour d'un cours pivot fixé quotidiennement par la banque centrale.

Mais le ministre chinois du Commerce Chen Deming a jugé qu'invoquer le taux de change pour expliquer le déficit commercial des États-Unis avec la Chine n'était «pas fondé».

«La façon de résoudre ce déséquilibre est de relâcher le contrôle sur les exportations des États-Unis vers la Chine plutôt que de restreindre les exportations chinoises vers les États-Unis», a-t-il estimé.