L'agence de notation Standard & Poor's a abaissé lundi de deux crans la note de la Grèce, en raison de l'accroissement de la probabilité d'une restructuration de sa dette, et a averti qu'elle pourrait encore l'abaisser si cette hypothèse devait prendre de la consistance.

La note de la dette à long terme du pays est ramenée à «B», contre «BB-» précédemment, ce qui place la Grèce dans la catégorie des emprunteurs peu fiables. Sa dette à court terme est pour sa part notée «C», contre «B» auparavant, selon un communiqué de l'agence.

Ces notes restent sous surveillance négative, ce qui implique que l'agence pourrait décider rapidement de les abaisser de nouveau.

S&P a expliqué sa décision par le fait que les gouvernements de la zone euro, qui ont accepté de repousser la date d'exigibilité du remboursement de leurs prêts à la Grèce, pourraient être tentés d'exiger un effort similaire de la part des créanciers privés du pays.

Pour l'agence, si les créanciers privés de la Grèce se voient réclamer d'assumer de la sorte une partie du fardeau, on pourrait parler de défaut partiel. Même si cette restructuration n'implique pas de perte en capital, les créanciers du pays se verraient ainsi appliquer un traitement moins favorable que prévu lors de l'achat de leurs titres, a-t-elle fait valoir.

Réagissant à la décision de S&P, le ministère grec des Finances l'a qualifiée de «sans validité», dans la mesure où elle ne découlait d'aucune «nouvelle information ou décision aggravant la situation de la Grèce».

S&P a rappelé que fin mars, elle avait averti qu'elle pourrait abaisser sa note de la Grèce si le pays n'atteignait pas ses objectifs de déficit budgétaire. Or en 2010, la Grèce a enregistré un déficit public représentant 10,5% de son Produit intérieur brut, au lieu des 9,6% initialement prévus.

«Nous pensons que nombreux sont les créanciers publics de la Grèce dans la zone euro qui ont déduit que cette augmentation des besoins de financement du gouvernement grec (...) allait rendre plus difficile un retour du pays sur le marché des capitaux (...) en fin d'année ou au début de l'année prochaine comme il était initialement prévu», a analysé l'agence.

Pour S&P, les investisseurs en obligations grecques pourraient se voir demander d'abandonner 50% «ou plus» de la valeur de leur mise de départ pour ramener la dette grecque à un niveau supportable à long terme, «au vu de la croissance tendancielle de l'économie» du pays.

S&P prendra sa décision dans les trois mois sur un éventuel nouvel abaissement de la note du pays. L'agence a précisé qu'elle s'y résoudrait «si la possibilité d'une restructuration d'urgence de la dette a encore augmenté».

S&P a par ailleurs estimé que l'abaissement de la note de l'État grec «pourrait avoir un impact négatif sur le profil de crédit» de cinq banques locales, dont une filiale d'établissement étranger.

Sont concernées la Banque nationale de Grèce (BNG), EFG Eurobank, Alpha Bank, la Banque du Pirée et la filiale grecque de la United Bulgarian Bank.

Contrairement à de précédentes occasions, la décision de S&P n'a eu qu'un effet modeste sur les marchés. Les taux longs grecs se sont tendus modérément, alors que le petit rebond de l'euro s'est essoufflé peu après l'annonce.