La Grèce a catégoriquement démenti vendredi soir envisager de quitter la zone euro, comme l'affirme le site allemand Spiegel Online, sans lever les interrogations sur sa dette, plusieurs médias faisant état d'une réunion à ce sujet vendredi soir à Luxembourg.

Selon Spiegel Online, la Grèce envisagerait de renoncer à la monnaie unique et aurait «émis des signaux» en ce sens ces derniers jours.

Et une réunion de crise serait prévue vendredi soir à Luxembourg pour parler du dossier de la dette grecque, ajoute Spiegel Online.

Athènes a aussitôt «catégoriquement» démenti tout projet d'abandonner la monnaie unique et dénoncé une manoeuvre spéculatrice. «De tels articles constituent une provocation, sapent l'effort de la Grèce et de l'euro et servent des jeux spéculatoires», s'est insurgé le ministère des Finances.

Le porte-parole du président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a lui démenti la tenue d'une réunion extraordinaire sur la Grèce. «Cette information est totalement fausse. Il n'y a pas de réunion de l'Eurogroupe en cours ou prévue ce week-end», a dit à l'AFP Guy Schüller.

Selon le Wall Street Journal, si une réunion devait bien se tenir, elle ne concernerait en fait qu'un nombre restreint de responsables européens, parmi lesquels le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble et son homologue français Christine Lagarde, ainsi que le commissaire européen pour les Affaires économiques Olli Rehn et M. Juncker.

Le ministère français des Finances n'a voulu ni démentir ni confirmer. Il a en revanche jugé «totalement fantaisiste» l'hypothèse d'une sortie de la Grèce de la zone euro.

Les rumeurs ont contribué à accentuer la baisse de l'euro, la monnaie unique perdant plus d'un cent, à 1,4375 dollar en début de soirée.

Lourdement endettée, la Grèce, comme l'Irlande et le Portugal, avait été contrainte de faire appel à l'aide financière de ses partenaires européens.

La mise en place d'un plan de sauvetage sur trois ans de la Grèce en mai 2010 par l'UE et le FMI, suivie de la création de systèmes de secours pour l'Irlande et le Portugal, était précisément destinée à éviter tout risque d'éclatement de la zone euro et à consolider la cohésion de l'ensemble.

Le WSJ fait remarquer que si la Grèce peut compter sur 110 milliards d'euros d'aides de ses partenaires, il est aussi prévu que le pays revienne sur les marchés dès 2012, pour lever jusqu'à 30 milliards d'euros, ce qui paraît désormais peu réaliste. Une rallonge pourrait donc s'avérer nécessaire.

Aucune décision n'était attendue à l'issue de la réunion de Luxembourg qui était, selon des responsables de la zone euro cités par le quotidien économique américain, prévue de longue date. La succession de Jean-Claude Trichet à la tête de la Banque centrale européenne serait aussi à l'ordre du jour.

Selon Spiegel Online, le ministère allemand des Finances a élaboré dans une note interne le scénario catastrophe d'un abandon par la Grèce de la monnaie unique: «dépréciation considérable de la nouvelle monnaie par rapport à l'euro», dette grecque qui flamberait encore davantage, restructuration «inévitable», «fuite des capitaux» de Grèce, jusqu'aux conséquences pour la Banque centrale européenne (BCE)...

L'affaire intervient sur fond de rumeurs croissantes sur les places financières sur l'inéluctabilité d'une restructuration de la dette publique grecque, qui dépasse les 150% du PIB, quelle que soit la forme (décote, rééchelonnement ou autre) que prendrait une telle opération.