Les traditionnels défilés du 1er mai ont réuni dimanche des centaines de milliers de personnes qui ont manifesté de Hong Kong à Berlin, Zurich, Athènes ou Tunis pour dénoncer les sacrifices imposés aux salariés et exiger plus que des «miettes» pour vivre.  

En Pologne, la plus grande confédération syndicale OPZZ a toutefois renoncé cette année à sa traditionnelle marche du 1er mai à Varsovie pour ne pas perturber les cérémonies liées à la béatification du pape Jean Paul II.

La fête du Travail a pris une tournure politique au Sri Lanka avec des manifestations anti-ONU, au Japon avec deux manifestations anti-nucléaire à Tokyo, en Russie où les partis pro-Kremlin ont organisé une démonstration de force à l'approche d'importantes échéances électorales, avec 2 millions de personnes et des slogans tels que «Medvedev! Poutine! Allez la Russie!».

A Cuba, pour la première fois, des travailleurs indépendants ont participé aux traditionnels défilés pour soutenir les réformes économiques en cours.

Au Guatemala, plus de 50 000 travailleurs ont défilé dans la capitale pour protester contre la hausse du coût de la vie et le non respect des droits syndicaux.

En Afrique, la fête du travail a permis aux syndicats de remettre des «cahiers de doléances», comme au Bénin et au Togo, et de rappeler la «menace majeure» que constitue le chômage endémique «pour la stabilité sociale», selon le leader syndical nigérian Abdulwahed Omar (NLC).

Au Burkina Faso, syndicats et associations, craignant l'infiltration d'agitateurs, ont renoncé à défiler, dans un contexte de tension persistante depuis février et de mutineries qui ont même touché la garde présidentielle.

En Tunisie, où un soulèvement populaire a renversé le régime en février, des centaines de manifestants ont défilé sans heurt dans les rues de Tunis. «Travailleurs, vous préparez le pain mais vous vivez avec les miettes!», scandaient les manifestants en colère contre le gouvernement de transition.

En Algérie, où la population avait les yeux rivés sur la finale de la Coupe d'Algérie 2011, quelques dizaines de chômeurs se sont rassemblés à Alger pour réclamer de la «dignité» et un «travail décent».

Au Maroc, des milliers de manifestants ont défilé à Casablanca, Rabat et Marrakech, pour condamner le «terrorisme», et appeler le pouvoir à de ne pas utiliser l'attentat meurtrier du 28 avril à Marrakech pour revenir sur ses promesses de réformes. Les manifestants étaient 3000 à Rabat, 2000 à Casablanca, quelques centaines à Marrakech.

En Egypte, des milliers de travailleurs ont envahi l'emblématique place Tahrir au Caire, réclamant la «justice sociale», deux mois et demi après la chute du président Hosni Moubarak.

En Asie, où le prix des denrées alimentaires s'est envolé de 10%  en début d'année, la question salariale était récurrente, des Philippines à Taiwan.

À Hong Kong, le 1er mai a marqué l'entrée en vigueur d'un salaire minimum dans ce territoire appartenant à la Chine, fixé à 28 dollars de Hong Kong par heure (environ 3,40 dollars canadiens). C'est une avancée mais insuffisante pour faire vivre une famille, selon les syndicats qui ont réuni 4000 manifestants.

«Le pays est riche mais les gens sont pauvres», ont scandé en Indonésie des milliers de manifestants qui ont aussi réclamé une meilleure couverture santé et retraite.

«En trois ans, le nombre de pauvres a augmenté mais les riches payent moins d'impôts», a protesté à Taiwan le leader syndical Wang Jung-chang, lors d'une manifestation de plus de 3000 ouvriers.

À Séoul, plus de 50 000 manifestants ont réclamé une meilleure sécurité de l'emploi et des hausses de salaire.

À Rome, la fête du travail a été marquée par le traditionnel concert du 1er mai, organisé par les principaux syndicats, où se pressaient des centaines de milliers de personnes, dont un bon nombre avait assisté plus tôt à la béatification de Jean Paul II.

En Espagne, la peur du chômage alimentait les revendications des manifestants (40.000 à Madrid, autant à Barcelone). Plus d'un actif sur cinq est touché.

En Grèce, où des sacrifices sans précédent sont demandés à la population depuis un an pour éviter une faillite de l'Etat, des milliers de manifestants se sont rassemblés à Athènes pour protester contre un nouveau tour de vis.

Au même moment au Portugal, en pleine négociation du plan d'aide financière demandé à l'Union européenne et au FMI, les syndicats entendaient faire une démonstration de force avant l'annonce de nouvelles mesures d'austérité.

En France, des dizaines de milliers de salariés ont défilé dans des cortèges nettement moins fournis que l'an dernier, tandis qu'à Paris, l'extrême droite paradait en l'honneur de Jeanne d'Arc, plus nombreuse qu'en 2010.

En Belgique, où la crise économique et sociale se double d'une crise politique sans précédent, la question des salaires et des bonus touchés par certains hauts dirigeants a polarisé les principales interventions à gauche.

À Vienne, ils étaient 100 000 à réclamer plus de justice et dénoncer un système qui, selon le chancelier Werner Faymann, «s'en met plein les poches quand tout va bien et quand ça va mal, ce sont les contribuables qui paient».

En Allemagne, 423 000 personnes au total ont manifesté dans différentes villes selon les chiffes de la Confédération syndicale allemande (DGB). Plusieurs milliers ont défilé pacifiquement à Berlin, mais la police, qui a mobilisé près de 6 000 hommes, restait sur ses gardes en prévision de possibles échauffourées pendant la nuit.