L'économie britannique a renoué avec la croissance au premier trimestre, après un trou d'air fin 2010 lié au mauvais temps, un rebond toutefois trop timide pour rassurer des économistes qui continuent à broyer du noir, entre austérité budgétaire et flambée des prix.

Le Produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni a crû de 0,5% sur les trois premiers mois de l'année par rapport au trimestre précédent, selon l'estimation initiale publiée mercredi par l'Office des statistiques nationales (ONS).

Cette hausse a permis au pays d'échapper à un retour dans la récession, après le recul de 0,5% de son PIB enregistré au quatrième trimestre 2010.

Ce retour à la croissance s'est par ailleurs avéré conforme aux prévisions des économistes, qui tablaient sur un effet de rattrapage mécanique, après le trou d'air traversé fin 2010. Plusieurs vagues de froid et d'importantes chutes de neige avaient fortement perturbé les déplacements des Britanniques et freiné l'activité dans de nombreux secteurs en novembre et décembre derniers.

Mais les experts se sont néanmoins montrés déçus du manque de vigueur de ce rebond, qui a tout juste égalé la contraction de l'économie au quatrième trimestre 2010. Ce qui veut dire que le PIB britannique est seulement revenu à son niveau du troisième trimestre 2010.

Une performance modeste, qui n'a fait que renforcer les craintes d'une nette érosion de la reprise économique britannique dans les mois qui viennent, pris en tenaille entre une cure d'austérité budgétaire sans précédent, qui va peser sur la consommation et l'emploi, et une flambée des prix, qui mine le pouvoir d'achat des ménages et les marges des entreprises, et risque d'obliger la Banque d'Angleterre (BoE) à relever tôt ou tard les taux d'intérêt.

Par ailleurs, ce rebond peu impressionnant a reposé quasi-exclusivement sur le secteur des services, qui représente à lui seul les trois-quarts du PIB.

L'activité a rebondi de 0,9% dans ce secteur-clé après une chute de 0,6% fin 2010. En revanche, la croissance de l'industrie a décéléré, à 0,4% contre 0,8% au trimestre précédent, et l'activité du BTP a amplifié sa dégringolade, chutant de 4,7% après un repli de 2,3% fin 2010.

«C'est une performance décevante, qui montre que l'économie a stagné au cours des deux derniers trimestres», a déploré Howard Archer, économiste du cabinet IHS Global Insight, pour qui cela conforte l'idée «que la croissance sera limitée à l'avenir».

Autre conclusion tirée par les économistes, ces perspectives moroses devraient conforter la Banque d'Angleterre dans son attitude de «wait and see» et repousser à plus tard une inévitable remontée des taux d'intérêt, redoutée dans les milieux d'affaires.

Un tel durcissement de la politique monétaire est déjà devenu moins pressant depuis l'annonce ce mois-ci d'un recul inattendu de l'inflation britannique, retombée à 4% en mars après un pic à 4,4% en février.

«Même si la Banque d'Angleterre pourrait relever ses taux avant la fin d'année, elle va probablement attendre jusqu'à ce que des preuves d'un raffermissement de la croissance apparaissent, et avec une activité économique qui a fait du surplace ces six derniers mois, rien ne la pousse à relever son taux directeur à court terme», a expliqué Charles Davis, du cabinet d'études CEBR.