Le gouvernement japonais a approuvé vendredi une rallonge budgétaire pour déblayer les décombres, restaurer les bâtiments et construire des logements provisoires pour les dizaines de milliers de personnes sinistrées ou évacuées qui vivent de bric et de broc depuis le séisme.

Le conseil des ministres a décidé de soumettre au Parlement une requête de crédits supplémentaires d'environ 4 000 milliards de yens (6,5 milliars de dollars canadiens) pour financer le début de la reconstruction dans le nord-est du pays dévasté le 11 mars par un tremblement de terre et un tsunami. L'examen du texte devrait débuter le 28 avril.

Cette première rallonge est destinée à la remise en état d'infrastructures publiques, à l'installation de maisons provisoires, au traitement des débris et à la restauration d'établissements scolaires.

«Nous voulons bâtir 30 000 habitations temporaires d'ici à la fin mai», a affirmé le premier ministre, Naoto Kan.

Des économies seront réalisées sur d'autres postes pour financer cette première rallonge, mais une deuxième, de taille «importante», sera indispensable compte tenu de l'ampleur des besoins.

L'État évalue à 25 000 milliards de yens (290,7 milliards de dollars canadiens) le coût des dégâts causés par la catastrophe, sans compter les conséquences de l'accident nucléaire.

M. Kan a reconnu que le recours à un surcroît d'endettement sera «nécessaire». «Il n'est pas souhaitable que la reconstruction soit empêchée par un manque de ressources financières. Nous devrons garantir des apports de fonds par l'émission de bons du Trésor et d'autres moyens».

Le Japon est déjà lesté d'une dette qui avoisine le double de son produit intérieur brut (PIB).

Les recettes fiscales étant nettement insuffisantes, le fardeau ne cesse de s'alourdir, sur fond de morosité économique lancinante depuis le début des années 1990.

«Notre pays a dû affronter maints problèmes au cours des 20 dernières années, avec une économie déprimée, un nombre de suicides qui ne baisse pas. (...). La crise actuelle n'est pas la seule, c'est une crise dans la crise», a déploré le chef du gouvernement.

Le séisme de magnitude 9 du 11 mars et surtout le tsunami qui a suivi ont fait quelque 28.000 morts et disparus dans le nord-est du Japon.

Désireux de réconforter la population meurtrie, l'Empereur Akihito et l'Impératrice Michiko ont visité vendredi le port sinistré de Kitaibaraki, et mangé du poisson frais, bravant la crainte de contamination radioactive.

C'était la deuxième fois que le couple impérial, symbole de l'unité du peuple, visitait une zone directement victime du désastre.

Ils envisagent de se rendre également dans les préfectures les plus durement affectées de Miyagi, Iwate et Fukushima, dans les semaines à venir.

Depuis vendredi, la zone de 20 kilomètres autour de centrale nucléaire accidentée de Fukushima, qui avait été évacuée dès les premières fuites radioactives, est strictement interdite.

Les habitants de plusieurs villes qui n'entrent pas dans ce périmètre seront également forcés de quitter leur demeure dans le mois à venir.

L'Agence de la sûreté nucléaire japonaise a indiqué qu'elle était actuellement incapable de fixer un terme à l'éloignement des populations.

Selon la compagnie exploitante du site, Tokyo Electric Power, il faudra de six à neuf mois rien que pour stabiliser la situation dans les réacteurs très endommagés de Fukushima Daiichi (N°1).

«Tepco a toujours dit "Tout va bien, tout va bien". Mais qu'est-ce qui va bien?», a demandé une vieille femme, lors d'un bref échange avec le PDG de Tepco, Masataka Shimizu, venu présenter des excuses aux évacués de Fukushima.

Un peu plus tôt, M. Shimizu avait rencontré le gouverneur de cette préfecture, Yuhei Sato, lequel avait jusqu'à présent refusé une telle entrevue.

«Nous nous excusons sincèrement d'avoir été à l'origine de ce grave accident», avait-il déclaré avant de s'incliner à plusieurs reprises devant le gouverneur.

Tepco a commencé de recevoir les demandes d'indemnisations pour lesquelles il doit payer un acompte d'un million de yens (11 600 dollars canadiens) par foyer évacué de Fukushima.

Le maire de la cité de Minamisoma, Katsunobu Sakurai, dans cette province irradiée, fait quant à lui partie des 100 personnes les plus influentes de l'année, selon le magazine américain Time. Il s'est distingué pour avoir vertement critiqué la réponse du gouvernement et de Tepco à cette crise atomique sans précédent.