La Chine, principal créancier des États-Unis, a pressé mardi Washington d'adopter des «mesures responsables» pour protéger les investisseurs, après la mise en «perspective négative» de la note de la dette américaine par l'agence d'évaluation Standard & Poor's. «Nous espérons que le gouvernement américain adoptera sérieusement des mesures politiques responsables pour protéger les intérêts des investisseurs», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hong Lei.

L'agence de notation Standard & Poor's (S&P) a, pour la première fois de son histoire, abaissé lundi à «négative» la perspective d'évolution de la note de la dette des États-Unis, doutant de la capacité de la classe politique américaine à s'attaquer au déficit budgétaire du pays.

Cela signifie que l'agence pourrait, dans les deux ans à venir, abaisser la prestigieuse note «AAA» attachée aux obligations d'État de la première économie mondiale, qui assure aux investisseurs le degré maximal de sécurité et permet en conséquence aux États-Unis d'emprunter à moindres frais pour financer leur déficit.

L'annonce de S&P a été contestée par le gouvernement américain, qui a estimé que l'agence avait «sous-estimé» les capacités des États-Unis à maîtriser leur budget. Elle n'en a pas moins fait chuter la plupart des Bourses mondiales, dont celle de Shanghai qui a perdu 1,91% mardi.

La Chine est le principal créancier des États-Unis. Elle détenait un total de 868,4 milliards de dollars de bons du Trésor américains à fin août 2010, selon des chiffres officiels américains.

Pékin s'est déjà inquiété dans le passé des vastes programmes de relance ménés par Washington pour sortir le pays de la crise économique, craignant une explosion de la dette américaine qui éroderait la valeur du dollar et des bons du Trésor détenus par la Chine.

Selon Mark Williams, économiste à Capital Economics à Londres, l'abaissement de la perspective par Standard & Poor's a avivé ces craintes.

L'annonce de l'agence de notation «va renforcer la conviction, chez les responsables chinois, qu'on ne peut pas faire confiance aux politiciens américains pour sauvegarder la valeur des investissements chinois en dollars, et que le système financier mondial centré sur le dollar doit être réformé», a expliqué M. Williams.

Mais, selon lui, la Chine n'a pas le choix. «Pékin a les mains liées. Son accumulation de devises, qui reste énorme, le force à investir plus de 50 milliards de dollars hors de Chine chaque mois», a-t-il poursuivi.

«Une grande partie de tout cela continuera à partir dans des bons du Trésor américains parce qu'il existe peu de marchés alternatifs suffisamment gros» pour accueillir les fonds chinois, a ajouté M. Williams.