Le commerce mondial, qui a retrouvé ses niveaux d'avant crise après une hausse record de 14,5% en 2010, devrait nettement ralentir en 2011 en raison des séquelles de la crise et des incertitudes pesant sur l'économie de la planète, a indiqué jeudi l'OMC.

«Après l'augmentation sans précédent de 14,5% du volume des exportations en 2010, la croissance du commerce mondial devrait revenir à un niveau plus modeste de 6,5% en 2011», a expliqué l'Organisation mondiale du commerce.

Ces chiffres montrent que «le commerce s'est bien repris en 2O1O», malgré les pressions protectionnistes, enregistrant «l'expansion annuelle la plus importante que nous n'ayons jamais eue», a commenté lors d'un point de presse le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy.

Ce rebond historique a permis aux échanges mondiaux de retrouver leurs niveaux d'avant crise, grâce notamment à une croissance marquée du volume des exportations des économies en développement (+16,7%), en particulier en Asie, Chine et Japon. Le volume des exportations des pays développés a augmenté pour sa part de 12,9%.

Toutefois, pour l'OMC, il est important de tempérer les données positives de l'année dernière, intervenant après une chute sans précédent du volume du commerce mondial en 2009 qui avait plongé de 12%.

L'organisation basée à Genève estime ainsi que «la tendance» à long terme d'avant la crise, n'a pas été retrouvée. Les échanges mondiaux ont de fait été restreints en 2010 par l'effet conjugué de la suspension des mesures de relance dans de nombreux pays, le prix du pétrole élevé ainsi qu'un chômage persistant ayant freiné la reprise de la consommation intérieure.

«Les effets négatifs de la crise financière et de la récession mondiale risquent de se faire sentir encore pendant quelque temps», prévient-elle.

2011 reste ainsi soumis à nombre d'incertitudes, relève encore l'OMC.

Le ralentissement des échanges devrait se faire sentir sur toute la planète même si les pays en développement devraient être moins affectés (+9,5%) que les économies industrialisées (+4,5%).

Outre des effets toujours sensibles de la crise, l'OMC met en garde contre l'impact des récents évènements qui ont frappé ces derniers mois le monde.

Les conséquences sur la croissance mondiale et le commerce des catastrophes au Japon (tremblement de terre, tsunami et accident nucléaire), les soulèvements populaires dans des pays producteurs de pétrole ou encore la hausse des produits alimentaires, restent difficilement quantifiables, relève-t-elle.

La prévision d'une croissance des échanges de 6,5% pour l'année en cours, basée sur une croissance de l'économie mondiale de 3,1%, pourrait en être affectée, prévient d'ores et déjà l'OMC.

«Une évolution défavorable dans ces domaines pourrait compromettre la reprise économique et limiter l'expansion du commerce l'an prochain», souligne-t-elle.

«Si les répercussions (de ces évènements) s'avéraient pires que prévu, il faudrait revoir les prévisions dans les prochains mois», reconnaît le gendarme du commerce mondial.