L'agence de notation Moody's Investors Service a dégradé mardi d'un cran la note du Portugal, de «A3» à «Baa1» et envisage de l'abaisser encore à court terme, en raison de la montée des incertitudes dans le pays sur les fronts politiques, budgétaires et économiques.

«La décision de Moody's a été essentiellement déclenchée par l'augmentation des incertitudes politiques, budgétaires et économiques, qui ont accru la possibilité que le gouvernement ne soit pas capable de tenir ses ambitieux objectifs de réduction du déficit (...) et de faire revenir ses finances sur une trajectoire soutenable», a expliqué l'agence dans un communiqué.

La nouvelle note du pays est placée «sous revue», ce qui implique que Moody's pourrait encore l'abaisser à court terme. Il en est de même pour la dette à court terme du pays, actuellement fixée à «Prime-2».

Moody's reste toutefois plus optimiste sur le pays que ses grandes rivales, qui ont abaissé la note du Portugal la semaine dernière. Mais Fitch Ratings et Standard & Poor's lui confèrent un «BBB-», la plus faible note possible pour un emprunteur crédible, alors que Moody's reste deux crans au-dessus.

Dans son texte, Moody's explique que «le glissement limité de sa note à +Baa1+ (et pas plus bas)» tient à sa conviction que les autres pays de la zone euro se porteront promptement à la rescousse du Portugal si les fonds du Fonds européen de stabilité financière (FESF) ne devaient pas être disponibles dans l'immédiat.

Moody's explique que sa décision de procéder ou non à un nouvel abaissement de la note du pays tiendra à sa capacité «à obtenir des sources durables de financement sur le moyen terme» et à celle «des institutions politiques à rester sur le chemin de la consolidation budgétaire et des réformes structurelles».

Depuis la démission du premier ministre José Socrates, désavoué par le rejet au Parlement d'un nouveau programme d'austérité, le Portugal est soumis à une pression croissante des marchés financiers qui, inquiets pour sa solvabilité, exigent des taux d'intérêt historiquement élevés pour le refinancer.

Après les abaissements de la note du Portugal par Standard & Poor's et Fitch la semaine dernière, cette nouvelle dégradation intervient à la veille d'une nouvelle émission de dette à court terme, qui vise à lever 750 millions à un milliard d'euros en bons du Trésor à sept et douze mois.

Alors que le pays doit rembourser 9 milliards d'euros de dette d'ici la mi-juin, le quotidien économique Jornal de Negocios (JdN) rapportait mardi que les principales banques portugaises avaient décidé de cesser de financer l'État, pour éviter une «surexposition» à la dette publique.

D'après le JdN, les banquiers se sont réunis lundi avec le gouverneur de la Banque du Portugal, Carlos Costa, et souhaitent que le Portugal demande dans les prochains jours un «emprunt intercalaire» de 15 milliards d'euros à la Commission européenne.

Selon eux, cet emprunt permettrait au Portugal d'éviter une rupture de financement avant les élections législatives anticipées, prévues le 5 juin.

M. Socrates continue d'écarter un recours à une aide financière extérieure, affirmant lundi soir que cela restait «un scénario de dernier recours».