Le premier ministre portugais José Socrates a affirmé que le Portugal restait «très déterminé» à ne pas demander une aide extérieure, en dépit de la pression accrue des marchés financiers depuis sa démission mercredi dernier.

«Le gouvernement n'a aucune intention de le faire. Nous sommes très déterminés à ce que cela ne se produise pas», a répondu le chef du gouvernement socialiste, interrogé lors d'un point de presse sur un éventuel recours à un plan de sauvetage financier.

«Simplement, les conditions se sont aggravées. Elles se sont aggravées pour nos banques, notre économie et notre République», a-t-il reconnu.

M. Socrates a démissionné mercredi dernier après le rejet au parlement d'un nouveau plan d'austérité, censé «garantir» la réduction du déficit public et éviter le recours à un plan de sauvetage de l'Union européenne et du FMI.

«Le message qui est passé auprès des marchés, c'est que le Portugal ne souhaite aucune mesure d'austérité», a regretté, M. Socrates, affirmant que la crise politique était à l'origine de «l'aggravation des conditions de financement» de l'économie portugaise.

L'agence de notation Standard and Poor's (SP) a abaissé mardi la note du Portugal d'un cran, après l'avoir déjà dégradée de deux niveaux la semaine à l'instar de sa concurrente Fitch.

Pour SP, le Portugal est à présent noté à BBB-, la dernière de la catégorie investissement, avec une perspective négative.

L'agence estime que la dette abyssale du pays, de 82,4% du PIB en 2010, «rend vraisemblable un recours du Portugal au Fonds européen de stabilisation financière (FESF) et, en 2013, au Mécanisme permanent de stabilité» (MES) destiné à prendre la suite en 2013.

En conséquence, les taux d'intérêt de la dette portugais se sont une nouvelle fois tendus sur les marchés. Vers 12H00, les taux des emprunts à 10 ans du Portugal étaient à 7,894% contre 7,818% lundi en clôture. Ils étaient montés en séance jusqu'à 7,97%, atteignant un nouveau plus haut depuis l'entrée du pays dans la zone euro.

Mardi, la Banque du Portugal a revu légèrement en baisse ses prévisions économiques pour 2011 et table désormais sur un contraction du PIB de 1,4%, contre -1,3% précédemment.

Par ailleurs, d'après la banque centrale, la récession pourrait se prolonger en 2012 en raison des mesures d'austérité supplémentaires qu'elle juge «nécessaires» afin de réduire le déficit public à 4,6% du PIB cette année puis à 3% en l'année suivante.

Selon de nombreux des économistes, le Portugal est au bord de la rupture de financement, car il doit rembourser 9 milliards d'euros de dette d'ici la mi-juin alors que les marchés exigent des taux d'intérêt jugés insoutenables pour le refinancer.

Pour certains analystes, le pays pourrait tenter de surmonter les échéances à venir grâce à des «prêts relais», sous forme de placements directs de dette.

Dans ce contexte, la visite de la présidente du Brésil Dilma Rousseff avait donné lieu à des spéculations sur un éventuel soutien de cette ancienne colonie.

À son arrivée à Coimbra (centre), la chef de l'État sud-américain a déclaré, sans autre précision, que «le Brésil pourra aider le Portugal, tout comme le Portugal a aidé le Brésil économiquement».