Les élus européens se sont prononcés à une large majorité mardi pour l'introduction d'une taxe sur les transactions financières dont les recettes, évaluées à 200 milliards d'euros (270 milliards de dollars) par an dans l'Union européenne (UE), permettraient de financer des projets européens.

La proposition est contenue dans un amendement au rapport de l'élue socialiste grecque Anni Podimata approuvé par 529 voix contre 127 et 19 abstentions.

La prise de position de la chancelière allemande Angela Merkel mardi a permis d'enlever le vote, loin d'être acquis en raison des positions des élus conservateurs français et des réserves de la Commission.

L'amendement, qui a obtenu 360 voix contre 299, demande à l'Union européenne d'encourager l'instauration d'une taxe sur les transactions financières à l'échelle mondiale.

«À défaut, précise le texte, l'Union européenne devrait dans un premier temps appliquer une taxe sur les transactions financières à l'échelle européenne».

Angela Merkel a souhaité mardi que les ministres des Finances de la zone euro étudient la création d'une taxe sur les transactions financières lors de leur prochaine réunion le 11 mars.

«Nous souhaitons que cette taxe sur les transactions financières soit acceptée par tous les membres de l'Eurogroupe», a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse avec son homologue autrichien Werner Faymann.

«Il s'agit d'une question de justice sociale», a estimé M. Faymann. Le même argument a été développé par Mme Podimata.

«Le secteur financier est sous-taxé et cette situation est injuste», a-t-elle plaidé.

L'Allemagne comme l'Autriche défendent depuis un moment le projet d'une telle taxe, mais d'autres pays européens craignent qu'elle ne provoque une fuite des capitaux si elle n'est adoptée qu'au niveau de la seule la zone euro.

«On ne peut pas se lancer dans une décision sans avoir mené une étude permettant de savoir si la compétitivité des places financières de l'UE ne risque pas d'être altérée», avait ainsi déclaré l'eurodéputé conservateur français Jean-Paul Gauzes avant le vote.

«Il faut attendre les résultats d'une étude d'impact», avait également plaidé le commissaire en charge de la fiscalité Algirdas Semeta.

Mme Podimata suggère un taux compris entre 0,01% et 0,05%, ce qui permettrait de générer une recette potentielle dans l'UE de 200 milliards d'euros par an et de freiner la spéculation.

«Avec un taux aussi minime, cela ne va pas affaiblir la compétitivité du marché financier européen», a-t-elle assuré.

Son rapport demande également l'introduction d'une taxe sur les émissions de CO2 pour intégrer le principe du pollueur-payeur et d'étudier la faisabilité d'«eurobligations».

La Commission présentera de nouvelles propositions sur une taxe sur l'énergie «au printemps», a assuré M. Semeta, dont la dernière proposition avait été rejetée.

L'adoption du rapport de Mme Podimata permet de relancer le débat sur les nouvelles ressources financières de l'UE, alors que la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande ont obtenu un gel du budget de l'UE jusqu'en 2020. Ces cinq pays représentent 50% des contributions au budget de l'UE.