L'agence de notation Standard & Poor's a annoncé mercredi maintenir sa «surveillance négative» sur la note de la Grèce et du Portugal.

S&P maintient sa «surveillance négative» sur la note souveraine de la Grèce dans l'attente des décisions de l'Union européenne (UE) sur la crise de la dette.

La note de la dette grecque, reléguée en avril 2010 à BB+ dans la catégorie des investissements S&Péculatifs, est «maintenue sous la surveillance négative où elle avait été placée en décembre 2010», a indiqué S&P dans un communiqué. Quand elle place un pays sous ce statut, S&P doit le réexaminer dans un délai maximum de 90 jours.

L'agence a justifié ce maintien par les interrogations pesant dans l'attente du sommet européen de fin mars sur la forme du Mécanisme de stabilité financière (ESM) permanent dont l'UE doit se doter à partir de 2013 pour protéger l'euro des retombées des dettes de ses membres.

«Au vu des récentes déclarations des dirigeants de l'eurozone, nous comprenons que l'ESM pourrait conditionner ses prêts à la restructuration d'obligations d'État (...) et qu'il serait un créancier prioritaire» au détriment éventuel des actuels détenteurs d'obligations, a souligné l'agence.

«Si ces attentes étaient vérifiées, la note de la Grèce pourrait être abaissée» encore davantage «de plus de deux crans», menace l'agence.

S&P avait déjà justifié en décembre sa mise du pays sous surveillance négative par les incertitudes pour ses créanciers nées du plan de l'UE sur la dette publique des pays de la zone euro.

Le ministère grec des Finances avait alors jugé cette sanction non pertinente «au vu des succès» du plan grec de redressement des finances publiques, et estimé qu'elle se basait sur une approche des efforts européens qui «ignore l'éventuelle retombée positive découlant de la réduction de l'incertitude» sur l'évolution de la zone euro.

Le Portugal toujours sous surveillance négative

Lisbonne - Standard & Poor's a aussi annoncé aujourd'hui qu'elle maintenait la note de la dette du Portugal sous surveillance négative dans l'attente d'une décision européenne sur les conditions du futur mécanisme de stabilisation financière.

La note de la dette à long terme du Portugal est maintenue à «A-» et celle à court terme à «A-2», toutes deux restant assorties d'une perspective négative, précise S&P, qui dit s'attendre à une prochaine demande d'aide de Lisbonne.

Pour S&P, un éventuel abaissement de la note du Portugal dépendra des conditions de prêt qui pourraient lui être concédées dans le cadre du Mécanisme européen de stabilité (ESM), appelé à succéder à partir de 2013 au fonds provisoire mis en place l'an dernier après la crise grecque et qui a servi depuis à aider l'Irlande.

«Nous attendons les détails sur les conditions de prêt à l'issue du Conseil européen de la fin mars», a ajouté l'agence, qui s'attend à ce que le futur mécanisme européen «conditionne l'octroi de ses prêts à une restructuration de la dette souveraine» des pays candidats et devienne un «créancier prioritaire», au détriment des actuels détenteurs d'obligations d'État.

Selon l'agence, malgré les progrès réalisés ces derniers mois en matière de redressement budgétaire et de réformes économiques, «le Portugal pourrait être contraint de solliciter le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et le Fonds monétaire international (FMI)», compte tenu de ses «besoins de financement extérieur élevés et de ses sources de financement limitées».

«Si les sources de financement extérieur de l'économie portugaise restaient limitées, poursuit l'agence, le gouvernement pourrait devoir solliciter le FESF pour éviter une contraction économique encore plus sévère que celle qui est prévue à court terme» (-1,3% en 2011, selon la Banque du Portugal).

SP indique qu'elle prendra «dans les deux mois» sa décision sur une éventuelle dégradation de la notation portugaise qui, précise-t-elle, «ne sera probablement pas supérieure à deux crans».

L'agence prévient toutefois que cette note pourrait être dégradée indépendamment des décisions européennes sur l'ESM, notamment en cas de «dérapages dans les programmes d'ajustement budgétaire et structurel mis en place par le gouvernement», d'«événements politiques pouvant faire dérailler le processus de réforme économique» ou encore si le système bancaire nécessitait une recapitalisation pesant fortement sur les comptes publics.