Croissance en chute libre pour la troisième année consécutive, salaires en recul, inflation galopante: les Grecs paient chèrement le prix des gabegies passées et de la cure d'austérité imposée à leur pays, qui est encore très loin de voir la sortie du tunnel.

Au quatrième trimestre 2010, le PIB grec a reculé de 1,4%, et de 6,6% par rapport aux trois derniers mois de 2009, une chute historique qui porte à 4,5% le recul annuel moyen de la croissance, selon les chiffres publiés mardi par l'Autorité statistique grecque.

Ce coup de frein brutal de l'activité économique intervient alors que la Grèce s'est lancée au printemps dans un plan drastique d'économies avec le soutien financier de la zone euro et du FMI, afin d'éviter une restructuration de sa dette publique qui menacerait la survie de la zone euro.

«La contraction est plus sévère que prévu», a commenté pour l'AFP Platon Monokroussos, chef économiste à Eurobank.

À Bruxelles, le ministre des Finances Georges Papaconstantinou a reconnu que la récession de 2010 était plus grave qu'anticipé, mais ne s'en est pas moins prévalu d'une «amélioration progressive de la situation», en relevant que la baisse du PIB avait ralenti chaque trimestre. Il a aussi mis en avant une hausse des exportations «de plus de 8%» en 2010, avec «un boom au dernier trimestre».

Pour début 2011, M. Monokroussos attend «une nouvelle contraction significative de la croissance, de l'ordre de 5 à 5,5%» au premier trimestre. Il est très difficile de prévoir la fin du tunnel, nous pourrions voir les premiers signes de stabilisation vers la fin de l'année» a-t-il espéré.

«2011 sera encore une année difficile, et on espère une stabilisation en 2012, avec un PIB à 0,1%», a acquiescé le chef des recherches de l'Institut grec du patronat, Georges Tsakanikas.

Pour parvenir à renverser la tendance, les économistes fixent désormais deux conditions essentielles: poursuite du plan d'assainissement budgétaire et de libéralisation de l'économie grecque --vivement contesté par les syndicats-- et recherche d'une solution globale à la crise de la zone euro.

«La discussion du problème au niveau européen et le rallongement éventuel du délai de remboursement de la dette grecque vont permettre au pays de respirer et faire en sorte que les marchés soient plus favorables», a espéré M. Tsakanikas.

«Si une solution à la crise de la zone euro est trouvée, il y aura une reprise du sentiment positif, et cela préparera le terrain pour un rebond de l'activité économique en 2012», a renchéri M. Monokroussos.

Confirmant les difficultés du pays à se maintenir à flot, le gouvernement vient de revoir considérablement à la hausse ses objectifs de privatisation, désormais fixés à 50 milliards d'ici 2015, contre 7 milliards auparavant prévus d'ici 2013.

Dans l'immédiat, la crise au quotidien se fait de plus en plus oppressante.

Le rapport annuel de la Banque de Grèce, publié mardi, a confirmé l'ampleur des difficultés: les revenus des Grecs ont chuté de 9% en 2010 sous l'effet notamment des mesures d'austérité (baisse des salaires des fonctionnaires, des pensions), alors que l'inflation s'envolait de 4,7%.

«Le pouvoir d'achat des salariés du public a reculé à un niveau plus bas que celui de 2003, tandis que sur l'ensemble de l'économie le pouvoir d'achat a reculé en moyenne à un niveau plus bas que celui de 2006», selon la Banque de Grèce.

Seule nouvelle de nature à encourager la reprise, la dévaluation interne ainsi menée par le pays a permis une réduction du coût du travail de 3% dans le pays en moyenne, qui devrait se poursuivre en 2011 (2% selon la Banque de Grèce).

Cela profite «à la compétitivité» de l'économie grecque, souligne la Banque de Grèce.