Un groupe d'anciens dirigeants de la finance internationale, de Michel Camdessus à Paul Volcker, a présenté à Paris un ensemble de propositions visant à réformer le système monétaire international afin de le stabiliser et d'éviter de nouvelles crises.

«C'est la réflexion honnête d'un groupe de gens qui ont travaillé là-dessus pendant des années», a résumé devant la presse M. Camdessus, ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI).

Ces 18 sages, dont un seul est encore en activité, Mme Hu Xiaolian, vice-gouverneur de la banque centrale chinoise, ont suggéré 18 mesures pour remédier, entre autres, à la volatilité des taux de change ou à la faiblesse de la gouvernance mondiale.

Ce groupe estime par exemple indispensable de réformer le FMI pour renforcer ses pouvoirs de surveillance en instituant notamment des indicateurs d'alerte. Cette piste est actuellement à l'étude au sein du G20, et des indicateurs de surveillance des déséquilibres économiques mondiaux doivent, en principe, être adoptés samedi par les ministres des Finances de ce groupe de pays industrialisés et émergents, a indiqué lundi la ministre française Christine Lagarde, dont le pays préside actuellement le G20.

«Il faut gérer le problème de la liquidité mondiale avec des indicateurs d'alerte», a encore expliqué M. Camdessus, rappelant que le brusque tarissement de la liquidité dans le système financier mondial est en partie à l'origine de la crise de 2008. Sa surabondance explique aujourd'hui en partie les tensions dénoncées par certains pays émergents, cibles de flux très importants de capitaux attirés par des taux d'intérêt élevés.

De ce point de vue, ce groupe de sages estime légitimes les contrôles de capitaux, s'ils sont placés sous la surveillance du FMI.

Sur les taux de change et les réserves internationales, les 18 sages jugent essentiel de renforcer le rôle des Droits de tirage spéciaux (DTS), actif monétaire du FMI, pour en faire, conformément aux statuts du FMI, le «principal actif de réserve» du système monétaire international, même si, reconnaît M. Camdessus, cette perspective est à «très long terme». La France est favorable à un tel renforcement, mais cette proposition, n'a jusqu'à présent pas suscité beaucoup d'intérêt parmi les Etats membres du FMI, comme l'a reconnu jeudi son directeur général, Dominique Strauss-Kahn.

Les DTS sont un actif quasi monétaire créé en 1969 pour servir de réserve internationale à côté de l'or et du dollar. Son avantage est sa stabilité, puisque sa valeur est fonction des cours de quatre monnaies (dollar, euro, livre, yen). L'ajout du yuan, la monnaie chinoise, est soutenu par la présidence française du G20.

Enfin, les sages recommandent un renforcement de la gouvernance mondiale en calquant la représentativité du G20 sur celle du FMI. Certains des 24 administrateurs du FMI ne représentent pas qu'eux-mêmes mais une zone géographique toute entière à qui ils doivent rendre compte. Il pourrait en être de même au sein du G20, estiment ces sages. L'organe dirigeant du FMI, le comité monétaire et financier international, serait appelé à fusionner avec le groupe des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G20 au sein d'un «collège», prévu par les statuts du FMI, mais jamais mis en oeuvre, préconisent-ils.

Outre M. Camdessus, ce groupe de sages a réuni entre autres Paul Volcker, ancien président de la Réserve fédérale américaine, Alexandre Lamfalussy, ancien directeur général de la Banque des réglements internationaux (BRI), la banque centrale des banques centrales, Tommaso Padoa-Schioppa, ancien ministre italien des Finances, décédé en décembre, Horst Koehler, ancien directeur général du FMI, et Andrew Crockett, ancien directeur général de la BRI.