En 20 ans seulement, le Japon est passé du statut de star économique mondiale à celui de canard boiteux dont la cote de crédit vient d'être réduite par Standard & Poor's.

Que s'est-il passé pour que l'empire du Soleil-Levant, qui aspirait à surpasser les États-Unis, soit passé l'an dernier au troisième rang des économies mondiales, derrière la Chine?

Il y a plusieurs explications au cauchemar japonais, mais toutes ont quelque chose à voir avec le vieillissement de la population.

Le Québec, qui vieillit lui aussi à la vitesse grand V, pourrait bien vivre ce scénario, à moins de tirer des leçons des malheurs du Japon.

Le Japon est le plus vieux pays du monde, sur le plan de l'âge moyen de sa population. Les 65 ans et plus, au Japon comme partout ailleurs, consomment moins et n'achètent pas autant de maisons, de meubles et de voitures que les plus jeunes.

En même temps, la part la plus âgée de la population coûte plus cher à l'État en soins de santé et en prestations de retraite.

Nouvelle génération

La jeune génération est non seulement moins nombreuse, mais ne prend pas la relève des aînés. Après deux décennies de stagnation économique, la déprime a pris le dessus sur le dynamisme qui a déjà animé Japan inc.

Les plus jeunes n'ont connu que la déflation. Il n'existe plus aucun incitatif à l'investissement. Pourquoi alors acheter une maison quand on sait que sa valeur va baisser?

Les jeunes Japonais croient maintenant qu'il est stupide de dépenser, a déploré le président de l'Institut de recherche du Japon sur la consommation et le marketing, dans une entrevue récente au New York Times.

Après plusieurs tentatives coûteuses et vaines pour stimuler l'économie, l'État s'est habitué à vivre à crédit. Moins de revenus et plus de dépenses, l'équation se traduit par une dette qui équivaut à deux fois le produit intérieur brut du pays. C'est un record parmi les pays développés et c'est ce qui a conduit Standard&Poor's à sonner l'alarme le mois dernier.

Le Japon n'est pas l'Irlande ni la Grèce. Pour le moment, il n'a pas besoin des marchés étrangers puisqu'il peut encore financer sa lourde dette avec l'épargne nationale.

Mais sa population diminue et ce n'est qu'une question de temps avant que le pays soit obligé lui aussi d'emprunter sur les marchés financiers à des taux beaucoup plus élevés.

Le rééquilibrage des finances publiques exige des solutions douloureuses pour la population. Après des années de procrastination, un nouveau gouvernement élu en 2009 semble être conscient du virage à prendre.

En théorie, la solution est simple. Il faut réduire les dépenses et augmenter les revenus. En pratique, c'est une tout autre histoire, comme on ne le sait que trop bien au Québec.

Au Japon, il est peut-être trop tard pour donner ce coup de barre, estiment les spécialistes. Les personnes de 65 ans et plus représentent déjà 22% de la population et cette proportion continue d'augmenter. En conséquence, leur poids politique s'accroît, de même que leur pouvoir de bloquer toute réforme qui modifierait leurs revenus.

Le gouvernement japonais doit augmenter les impôts et réduire les prestations de retraite pour éviter la faillite. Mais comment y arriver, quand le quart des électeurs s'y opposent farouchement?

Au Québec, les personnes de 65 ans et plus représentent actuellement 15% de la population et leur nombre augmente rapidement. À entendre les débats que suscitent ici toutes les tentatives de remettre les finances publiques en ordre avant que la population en âge de travailler et de payer des impôts commence à diminuer, il y a lieu d'être inquiet.