Dépasser le rythme chinois

L'Inde est au quatrième rang des économies mondiales. Mais, malgré ses 1,2 milliard d'habitants, le produit intérieur brut (PIB) nominal de l'Inde, estimé à 1430 milliards US en 2010, est encore bien loin de celui de la Chine, à 5740 milliards. Sauf que le taux de croissance de l'économie indienne dépassera celui de la Chine dès la période 2013-2015, selon une analyse issue des bureaux asiatiques de Morgan Stanley. Après un gain annuel moyen de 7,3% dans la dernière décennie, la croissance passera à 9-10% en Inde, tandis que celle de la Chine se stabilisera autour de 8%.

L'avantage démographique

L'Inde pourrait afficher la plus forte croissance économique pendant plusieurs décennies. Car elle compte sur un avantage indéniable par rapport à son voisin chinois: la structure de sa population. Pendant que la Chine commence à souffrir de la politique de l'enfant unique et voit sa population vieillir, la force de travail indienne est en pleine expansion. Depuis les années 70, la population active indienne augmente plus vite que le nombre d'enfants et d'aînés. De son côté, la Chine entame une phase contraire où la population dépendante croîtra plus vite que la force de travail. L'âge médian en Inde est de 26 ans, comparativement à 35 ans en Chine (et 41 ans au Canada). Mais, pour profiter à fond de cette situation démographique favorable, l'Inde devra fournir une meilleure éducation à sa jeunesse et s'attaquer au taux d'analphabétisme qui atteint près de 40%, par rapport à environ 8% en Chine.

Un peuple d'entrepreneurs

Après une série de grandes réformes économiques qui ont notamment allégé un très pénible cadre réglementaire, l'Inde s'est bâti une économie propulsée par l'entreprise privée. Le pays compte pas moins de 45 millions d'entrepreneurs, qui permettent à l'économie indienne d'être bien davantage tournée vers l'innovation que celle de la Chine. Mais, pour les entrepreneurs étrangers, s'installer en Inde n'est pas nécessairement facile. En Chine, il n'y a qu'un seul interlocuteur: l'État. Dans la complexe démocratie indienne, les intervenants sont légion (gouvernements, groupes de pression, citoyens, tribunaux) et l'organisation y est beaucoup plus chaotique, affirme un banquier occidental cité par The Economist.



Une économie encore tournée vers l'intérieur


Le grand succès économique de l'Inde se nomme impartition, illustrée de belle façon par les nombreux centres d'appels au service des sociétés occidentales. Celles-ci sous-traitent certaines tâches pour profiter d'une main-d'oeuvre à moindre coût. Mais les importantes exportations de services de l'Inde n'empêchent pas son économie d'être encore bien tournée vers la consommation intérieure. Les exportations indiennes ont certes quintuplé depuis 20 ans, approchant désormais 25% du PIB. Mais la part de l'Inde dans les exportations mondiales (1,6%) est encore loin de la position chinoise (8,4%).

Un déficit d'infrastructures

L'Inde souffre d'un manque d'infrastructures adéquates, qu'il soit question de transport, d'électricité ou de réseaux d'eau. Les entreprises sont souvent laissées à elles-mêmes à ce chapitre. Cela a nui à l'avènement d'un secteur manufacturier fort comme en Chine. Et cela peut aussi expliquer la faiblesse relative des exportations de biens. Mais les autorités gouvernementales semblent avoir saisi l'importance de l'enjeu. L'investissement public dans les infrastructures est passé de 5,4% du PIB en 2005 à 8% en 2010.

(Sources: Morgan Stanley, CIA World Factbook, Excel Funds, The Economist

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