Le groupe d'édition musicale EMI a annoncé mardi qu'il était désormais la propriété à 100% de la banque américaine Citigroup, son principal créancier qui a effacé 65% de sa dette après avoir acquis son capital.

«La recapitalisation d'EMI par Citi est une avancée extrêmement positive pour la société», s'est félicité le directeur général de la maison de disques Roger Faxon, cité dans un communiqué.

«Cela nous a donné l'un des bilans les plus solides du secteur, avec un niveau d'endettement modeste et d'importantes liquidités», a ajouté M. Faxon, se disant «confiant» sur la poursuite des opérations.

Ce changement de propriétaire pour EMI intervient près de trois mois après un verdict défavorable à son ancien propriétaire, le fonds d'investissement britannique Terra Firma, rendu à New York.

Terra Firma avait porté plainte fin 2009 contre Citigroup, l'accusant de lui avoir fait payer trop cher EMI (6 milliards d'euros -plus de 8 milliards de dollars- en 2007), en lui faisant croire qu'il y avait d'autres parties intéressées. Il accusait également Citigroup de faire obstacle à son plan de restructuration de la dette d'EMI.

Le jury avait estimé que Terra Firma n'avait pas été en mesure de prouver que Citigroup ait représenté «une interférence délictueuse» dans la transaction du rachat d'EMI, ni que la banque ait «commis des fraudes en dissimulant ou en faisant une représentation trompeuse» d'EMI et de sa propre situation.

La dette d'EMI, la maison de disque des Beatles et de Pink Floyd, a été ramenée d'environ 3,4 à 1,2 milliard de livres sterling (5,4 à 1,9 milliard de dollars), selon la maison de disques.

«C'est un développement positif pour EMI, ses employés, ses artistes, auteurs et fournisseurs», a souligné un vice-président de Citi, Stephen Volk, qui chapeautera désormais EMI, disant «totalement soutenir à la fois l'équipe de la direction et la stratégie» de cette major du disque, qui comme ses concurrentes souffre de la révolution numérique.

«Notre objectif est qu'à terme EMI soit performante au maximum pour nos actionnaires», a ajouté M. Volk, semblant confirmer l'intention de Citi de céder à terme la société.

Sollicité, le fonds britannique s'est borné à indiquer que «Terra Firma est satisfait que le fardeau de la dette d'EMI ait été réduit grâce à (la décision de) Citi d'accepter de tirer un trait sur une portion substantielle de (cette) dette».

Le Wall Street Journal avait expliqué vendredi que face à des dettes dues à Citigroup venant à échéance en mars, EMI courait le risque, quoi qu'il en soit, de tomber sous le contrôle de la banque américaine.

De bonne source, on a indiqué mardi que la direction d'EMI avait préféré prendre les devants, c'est à dire se placer sous administration judiciaire en évinçant de fait Terra Firma du processus de décision, et traiter directement avec Citigroup.

Le Wall Street Journal a cité plusieurs noms parmi les repreneurs potentiels d'EMI, parmi lesquels, étonnamment, le président du conseil d'administration de Terra Firma Guy Hands, architecte de la transaction de 2007, qui pourrait s'associer à d'autres financiers.

L'animateur de télévision Simon Cowell a également été cité, dans l'idée qu'il s'appuie sur des financiers, tout comme d'autres majors du disque rivales d'EMI, Sony Music, Universal Music ou encore Warner Music.

Outre son catalogue de grands classiques du rock, EMI, qui possède notamment les légendaires studios d'Abbey Road à Londres et Capitol Studios à Londres, compte Lilly Allen, ColdPlay, Norah Jones, David Guetta, Snoop Dogg ou encore Air parmi ses artistes sous contrat.