La Société nationale des chemins de fer (SNCF) fait face à une fronde sans précédent de ses usagers, qui protestent haut et fort contre la détérioration des services sur plusieurs lignes régionales.

Plusieurs associations formées spécifiquement pour faire pression sur la société d'État française demandent depuis peu aux habitués des lignes les plus touchées de refuser de présenter leurs tickets de transport aux contrôleurs à titre de moyen de pression.

C'est le cas notamment de l'Association de défense des clients et usagers de la ligne Paris-Chartres-Nogent-Le Mans (ADULPCM), qui propose à ses sympathisants d'utiliser un faux billet relevant que les usagers sont «en grève».

«On a constaté que tout le monde se plaignait mais que personne n'agissait. La situation ne pouvait plus durer», explique l'un des fondateurs du regroupement, Jean-Roger Condat.

Ce résidant de Saint-Piat, petite localité située non loin de Chartres, souligne que moins de 40% des trains étaient à l'heure durant les périodes de pointe en décembre et que près d'une centaine d'entre eux ont été carrément annulés. «Chez vous, vous savez ce que c'est la neige. Ici, dès qu'il y en a un peu, les trains ne circulent pas. Dès qu'il y a des feuilles sur la voie, c'est la même chose», souligne ce travailleur de l'industrie des télécommunications de 31 ans.

Les retards répétés des trains ont des conséquences importantes pour les usagers, souligne-t-il. Plusieurs personnes ont dû subir des pénalités salariales en raison de leurs retards répétés au travail. Certains se sont même vu refuser des emplois sous prétexte qu'ils résidaient dans une zone mal desservie.

Les problèmes sont si criants, dit Jean-Roger Condat, que les contrôleurs eux-mêmes accueillent le mouvement de contestation avec soulagement. «Ils ont presque peur de se faire insulter tant le service est mauvais», note le représentant de l'ADULPCM.

Dans l'espoir de désamorcer la crise, le président de la SCNF, Guillaume Pépy, a annoncé il y a quelques jours un «plan d'urgence» pour une douzaine de lignes «malades» du pays.

Il a indiqué que «plusieurs dizaines de millions d'euros» seraient débloqués pour améliorer le matériel roulant et l'état des lignes.

Les annonces n'ont guère impressionné le syndicat de cheminots SUD-Rail, qui fustige dans un communiqué l'état «lamentable» du réseau ferroviaire français. L'organisation affirme que les suppressions de postes des dernières années ainsi que l'impact de la restructuration de la société d'État ont rendu «le moindre incident quasiment intraitable».

Dans un entretien au quotidien Le Monde, le délégué général de l'organisation relevait il y a quelques jours qu'il faudra 40 milliards d'euros pour remédier au sous-investissement passé.