Les gouvernements européens se sont engagés vendredi à sécuriser les accès à leur marché du carbone après le vol de près de 2 millions de certificats pour une valeur estimée de 28 millions d'euros lors d'un raid de pirates informatiques.

«Tout le monde a compris qu'il s'agissait d'une affaire très sérieuse», a déclaré la commissaire au climat Connie Hedegaard au terme d'une réunion des représentants des États membres à Bruxelles.

«Tous les gouvernements se sont engagés à sécuriser les accès à leurs registres nationaux afin de permettre une reprise rapide du système d'échange d'émissions de CO2», a-t-elle annoncé.

«De telles mesures doivent permettre de contrer les attaques criminelles», a-t-elle insisté.

Vanté comme l'instrument phare pour la lutte contre la pollution industrielle, le système d'échange d'émissions de CO2 de l'UE attire les voleurs, car sa sécurité dépend de 27 gardiens, incapables de s'entendre sur des normes communes.

La dernière attaque s'est déroulée sur cinq jours dans cinq pays --Autriche, Grèce, République tchèque, Pologne et Estonie-- avec un butin conséquent: 2 millions de certificats volés (un certificat équivaut à une tonne de CO2) et immédiatement revendus sur le marché au comptant. Au prix du marché, la tonne de CO2 vaut 14 euros, soit un gain estimé à 28 millions, mais la Commission pense que les voleurs ont vendu moins cher.

Les certificats volés en République tchèque représentent une valeur de 7 millions d'euros, ont précisé les autorités tchèques.

L'affaire est prise très au sérieux à Bruxelles. Les transactions ont été suspendues mercredi soir à 19H00 (18H00 GMT) sur l'ensemble du système pendant une semaine.

Elles reprendront le 26 janvier, «mais seulement avec les pays qui auront pris des mesures de sécurité suffisantes pour le rendre étanche», a averti la Commission.

Quatorze pays ont des systèmes de sécurité jugés très vulnérables. Parmi eux les cinq victimes du dernier raid des hackers. La Commission n'a pas voulu citer les autres «maillons faibles». Elle a seulement concédé que l'Allemagne était jugée fiable, parce que Berlin a renforcé la sécurité de son système après une visite de voleurs.

La Commission est préoccupée par les failles de l'ETS, car elle le présente comme l'instrument pour réduire les émissions de CO2 en donnant un prix élevé au CO2 grâce à la raréfaction des certificats.

Dans le même temps, cette vulnérabilité plaide pour un instrument unique avec un seul registre géré à Bruxelles.

Le système d'échange d'émissions est en effet actuellement géré par les Etats. Chaque pays de l'UE a un registre national sur lequel figurent les comptes des sociétés parties à l'ETS sur son territoire. Elle sont près de 12.000 dans l'UE.

Chaque Etat se voit allouer un quota annuel de droits à polluer et accorde gratuitement des certificats à ses entreprises. Ce quota diminue chaque année pour permettre de réduire les émissions industrielles de gaz à effet de serre et les droits devront être achetés à partir de 2013.

Les entreprises qui ont besoin de quotas supplémentaires les achètent via l'ETS à celles qui ont des surplus. En 2010, les échanges ont représenté près de 90 milliards d'euros en 2010.