Une récession en double creux menace l'Europe en 2011, qui couplée à une stagnation aux États-Unis et au Japon pourrait peser lourdement sur la reprise mondiale, a prévenu l'ONU dans un rapport.

Dans la partie consacrée à l'Europe du document annuel intitulé «Situation et perspectives de l'économie mondiale 2011», l'ONU estime que les perspectives dans cette région sont «sombres» malgré une faible reprise de la croissance l'année dernière de 1,7%.

L'Union européenne devrait ainsi enregistrer un ralentissement de son produit intérieur brut (PIB) à +1,5% cette année avant une amélioration en 2012 à +1,9%.

Dominée par des mesures d'austérité budgétaire, la région se caractérise par des performances inégales, entre l'Allemagne «qui exhibe une expansion de 3,4%» de son économie et des pays au bord du gouffre comme la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne.

Ces derniers, noyés dans une crise budgétaire, resteront en récession «ou verront au mieux une reprise minimale», prévoit le rapport.

Tous, mais à des degrés divers, sont menacés par une persistance dangereuse du chômage, qui devrait peser sur la consommation des ménages, et par une instabilité monétaire due à un manque de coordination politique.

Les mesures d'austérité budgétaire «prévues ou à venir» font surgir «des risques d'un nouveau déclin économique».

Selon un scénario du pire, «une récession à double creux en Europe en 2011 et une stagnation aux Etats-Unis et au Japon qui pourrait même se transformer en récession» ne sont pas à exclure.

«Ceci diminuerait aussi de manière sensible les perspectives de croissance des pays en voie de développement d'au moins 1%», ajoute le rapport.

Ces derniers devraient malgré tout rester les moteurs de la croissance mondiale attendue à 3,1% par l'ONU cette année avant une reprise à 3,5% en 2012.

«La situation a l'air plutôt bonne mais des dangers énormes sont en train d'apparaître», a prévenu un directeur de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (Cnuced) lors d'un point de presse.

«Il y a un risque très élevé de retomber (dans une période) de stagnation car trois régions importantes -- le Japon, les Etats-Unis et l'Europe -- n'ont pas encore surmonté totalement toutes les difficultés», a ajouté Heiner Flassbeck, s'inquiétant du fait que ces pays soient en train de retirer les plans de sauvetage en raison de déficits publics faramineux.

«Ce que nous avons vu ce sont des points lumineux en Chine et en Inde. Mais ces points lumineux deviennent de moins en moins lumineux», a insisté M. Flassbeck prévoyant que ces lumières ne soient «pas à même de sortir l'économie mondiale du désastre».