Les ministres des Finances de la zone euro sont sous pression pour faire avancer leurs discussions sur une possible augmentation des ressources de leur Fonds de soutien, lors d'une réunion lundi, après une semaine de cacophonie sur le sujet.

Les grands argentiers des 17 pays partageant l'euro se retrouvent lundi à partir de 17H00 (16H00 GMT) à Bruxelles pour leur rencontre mensuelle, qui sera élargie le lendemain aux ministres de l'ensemble des 27 pays de l'Union européenne.

Ils devraient aborder la situation des Etats les plus fragiles, comme le Portugal, l'Espagne et l'Italie. Ces derniers viennent de réussir des émissions obligataires jugées cruciales leur permettant de bénéficier d'un répit temporaire sur les marchés.

Les ministres devraient aussi discuter d'une éventuelle hausse du Fonds de secours mis en place l'an dernier pour les pays de l'Union monétaire en difficulté.

Aucune décision ne devrait cependant «être prise lundi», assure une source diplomatique européenne. «Il n'y a pas d'urgence» qui obligerait à «changer à la va-vite» le Fonds de secours, a estimé son directeur, Klaus Regling, dans le journal allemand Bild Zeitung paru samedi.

Mais les discussions sur ce sujet se sont accélérées. Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a mis la pression en demandant mercredi aux dirigeants des pays de l'UE de décider début février au plus tard, lors d'un sommet européen, d'augmenter les capacités du Fonds.

Celui-ci est actuellement doté de 440 milliards d'euros de garanties des États de la zone euro. Il est complété par des prêts du FMI et de l'UE pour atteindre une force de frappe de 750 milliards d'euros au total.

Le ministre belge des Finances Didier Reynders s'est prononcé en faveur d'un montant deux fois plus important, dans un entretien à l'AFP, et a indiqué que les discussions en cours en Europe portaient sur de tels montants. Le doublement du Fonds est «une option» envisagée, même s'il y a «aussi d'autres options imaginables», a indiqué de son côté la source diplomatique européenne.

Une augmentation des ressources du Fonds n'enchante cependant pas tous les pays.

L'Allemagne, qui adopte sur le sujet une position ambiguë en raison des réticences de son opinion à devoir payer pour les autres pays endettés, juge «la dotation du Fonds absolument suffisante à l'heure actuelle», a insisté vendredi le porte-parole du gouvernement Steffen Seibert.

Mais le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble estime qu'une augmentation de la capacité de prêt effective du mécanisme pourrait être nécessaire.

Car, du fait de garanties demandées par le marché pour assurer des conditions de prêt attractives, le Fonds ne peut lever effectivement qu'environ 250 milliards d'euros, le reste devant être mis de côté. Il s'agirait alors de porter cette capacité de prêt effective à 440 milliards.

Le ministre néerlandais des Finances Jan Kees de Jager juge également que «ce qui est à l'ordre du jour, c'est une discussion entre les membres pour utiliser à meilleur escient les moyens disponibles», selon une porte-parole.

Son homologue française Christine Lagarde a quant à elle estimé vendredi «prématuré» de chiffrer une éventuelle augmentation du Fonds, tout en confirmant qu'une telle option était à l'étude parmi toute une «palette» de mesures.

Les Européens envisagent en effet aussi de doter le Fonds d'outils nouveaux, comme la possibilité de racheter sur les marchés de la dette publique, comme le fait actuellement la Banque centrale européenne. Ou d'accorder des lignes de crédit à court terme sans déclencher un vaste plan d'assistance.