L'agence de notation Moody's envisage d'abaisser de plus d'un cran la cote de la République de Chypre, actuellement à Aa3.

Dans un communiqué, Moody's a justifié cette décision par les difficultés financières du gouvernement chypriote.

En novembre, l'agence de notation Standard & Poor's avait abaissé de «A+» à «A» la note de la République de Chypre en raison de la fragilité de son système financier.

Moody's a fait part de sa préoccupation face à la récente dégradation des paramètres budgétaires structurels de Chypre, au manque de compétitivité de l'économie chypriote, mais aussi quant à l'exposition des banques chypriotes aux difficultés macroéconomiques de la Grèce.

Même si la note était abaissée de plusieurs crans, elle resterait au niveau «A», a toutefois souligné Moody's.

«Le fort impact de la crise économique sur Chypre a provoqué une détérioration de la situation financière du gouvernement, qui pourrait se révéler difficile à corriger», indique l'agence, citant son analyste pour Chypre, Sarah Carlson.

«Même si le niveau d'endettement de Chypre est actuellement beaucoup moins élevé que celui d'autres pays de la zone euro», Moody's relève qu'«il a augmenté rapidement et qu'il devrait continuer à le faire dans les années à venir».

«Le gouvernement chypriote a présenté un budget 2011 qui semble répondre aux obligations de Chypre vis-à-vis de la procédure sur les déficits excessifs mise en place par l'UE, mais celui-ci ne répond pas aux problèmes structurels qui pourrait saper la position financière du gouvernement à moyen et long terme», estime Mme Carlson.

Pour 2011, Chypre a adopté le budget le plus sévère de son histoire, afin de faire passer son déficit budgétaire en dessous de 4,5% du PIB, contre quelque 6% en 2010.

Moody's fera porter son examen sur la capacité des autorités chypriotes à renverser la tendance face à la dégradation de sa situation à moyen et long terme.

«A court terme, le gouvernement pourrait se montrer capable de remplir les objectifs de réduction de déficit (...) Mais compte tenu des rigidités structurelles du budget national, maintenir ces réductions sur un certain nombre d'années pourrait se montrer très difficile», a ajouté l'analyste.

Dans un communiqué, le ministère chypriote des Finances s'est dit «convaincu» que son système financier «restait robuste et capable d'affronter n'importe quel choc».

Il a souligné que le gouvernement chypriote s'était engagé à «sonder les dépenses publiques et à résoudre les problèmes structurels que l'économie chypriote rencontrait depuis plusieurs décennies» et précisé qu'il n'avait «pas de besoin immédiat» de recourir à l'emprunt sur le marché international.