La Hongrie modifiera sa loi très controversée sur les médias si l'Union européenne l'exige, a assuré vendredi son Premier ministre conservateur, Viktor Orban, cherchant à calmer le jeu alors que la présidence de l'UE assurée par Budapest pour six mois menace de sombrer dans la discorde.

«Si des changements sont nécessaires, nous changerons le texte», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse marquant le début de cette présidence semestrielle hongroise, «mais il ne faut pas de pressions, de campagnes» d'opinion à ce sujet.

«Si des craintes, quelles qu'elles soient, s'avèrent fondées» à l'issue de l'examen en cours du texte par la Commission européenne, «nous serons à même de trouver des solutions», a-t-il ajouté.

«Nous sommes prêts à faire en sorte que la loi sur les médias n'alourdisse pas la présidence hongroise» dont le démarrage a déjà été passablement assombri par la polémique, a-t-il ajouté.

«Nous sommes ouverts à tous changements si la pratique montre que des changements sont nécessaires», a-t-il dit, assurant ne pas vouloir faire de ce dossier «une confrontation» ou «une question de prestige» pour son pays.

Viktor Orban a notamment fait référence à un point particulier qui inquiète la Commission, chargée de veiller au respect des traités, à savoir la composition de la nouvelle autorité de contrôle des médias en Hongrie, que ses ses détracteurs ne jugent pas assez indépendante du pouvoir politique.

«Si le verdict juridique de l'UE aboutit à dire qu'il y a trop de concentration» de personnes proches du pouvoir dans cet organisme, «nous en discuterons et nous changerons cela», a promis Viktor Orban.

«Mais, je suis certain que tel ne sera pas le cas», a-t-il aussitôt ajouté, jugeant que la loi hongroise était semblable à celles d'autres pays européens.

«Je suis convaincu que la Hongrie recevra un avis qui dira qu'il s'agit d'une loi qui n'est pas discriminatoire», a encore estimé Viktor Orban.

Le chef du gouvernement hongrois s'exprimait en marge d'une réunion à Budapest entre son gouvernement et l'ensemble des commissaires européens, pour marquer le début de la présidence hongroise qui s'achèvera fin juin.

Présent à ses côtés devant la presse, le président de la Commission, le Portugais José Manuel Barroso, a cherché lui aussi à faire retomber la fièvre des derniers jours: «J'ai reçu l'assurance du Premier ministre que la loi sera mise en oeuvre dans le respect total des valeurs de l'UE et de la liberté des médias», a-t-il dit. «Le Premier ministre a aussi dit clairement que des ajustements seront faits si la Commission, après une analyse juridique, estime que tel n'est pas le cas pour tous les aspects de la loi», a ajouté M. Barroso.

Il a dans le même temps lancé un avertissement voilé, exhortant le gouvernement hongrois à ne pas torpiller sa présidence en laissant la controverse s'installer.

«Aux côtés de l'aspect juridique, il y a aussi un aspect politique ici. Il est nécessaire que la Hongrie bénéfice du plein soutien des Etats membres et des institutions de l'UE pour faire de cette présidence un succès», a-t-il prévenu.

Une référence aux critiques très vives exprimées par la France et l'Allemagne notamment, qui ont demandé une modification d'un texte que ses opposants estiment liberticide.

Il prévoit par exemple de lourdes sanctions pour les médias qui notamment ne publieraient pas des informations «équilibrées».