Le Portugal a réussi mercredi à placer 500 millions d'euros (656 millions de dollars) de dette à court terme, en dépit de taux en forte hausse, et a de nouveau assuré qu'il n'aurait «pas besoin» d'aide extérieure pour garantir ses besoins de financement en 2011.

Comme annoncé, le Portugal a levé 500 millions d'euros en bons du Trésor à six mois, mais le taux d'intérêt exigé par les investisseurs a atteint un niveau record de 3,686% contre 2,045% lors de la dernière émission comparable en septembre dernier, selon les données de l'Institut de gestion du crédit public (IGCP).

La demande a toutefois été 2,6 fois supérieure à l'offre, en hausse par rapport à la dernière émission où le ratio était de 2,4.

«Ce résultat traduit la confiance des investisseurs nationaux mais surtout des investisseurs étrangers dans notre dette publique, la confiance dans les mesures de consolidation financière et budgétaire prises par le gouvernement et, en troisième lieu, la confiance dans la capacité de résistance de l'économie portugaise», s'est félicité le secrétaire d'État au Trésor Carlos Costa Pina, dans une déclaration à l'agence Lusa.

Interrogé sur les difficultés de financement du Portugal, qui a évalué ses besoins nets pour 2011 à 20 milliards d'euros (26 milliards de dollars) sans compter les 26 milliards (34 milliards de dollars) de dette arrivant à échéance d'ici la fin de l'année, M. Costa Pina s'est dit «convaincu» que le Portugal serait «capable de surmonter ces difficultés de manière autonome et sans l'appui d'entités extérieures».

Pour Filipe Silva, stratégiste obligataire à la banque Carregosa, «l'émission s'est bien passée, face à des attentes plus pessimistes». Par ailleurs, «la demande a augmenté, ce qui est très positif», a-t-il estimé, tout en rappelant qu'«il y a exactement un an, le Portugal payait 0,59% pour émettre de la dette à six mois».

Selon les analystes, le véritable test pour le Portugal sera la première émission de dette à long terme, dont la date n'a toujours pas été annoncée, l'IGCP ayant seulement indiqué qu'une nouvelle série d'obligations du Trésor serait émise «dans le courant du premier trimestre» pour un montant minimum de 3 milliards d'euros (4 milliards de dollars).

En dépit des dénégations répétées des autorités, de nombreux analystes estiment que le Portugal sera, après la Grèce et l'Irlande, le prochain pays de la zone euro à recourir à l'aide de l'Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI), en raison du poids de sa dette (143 milliards d'euros -188 milliards de dollars-, environ 83% du PIB) et de ses faibles perspectives de croissance.

Pour 2011, le gouvernement s'est engagé à ramener le déficit public de 7,3% du PIB à 4,6% grâce à un sévère plan d'austérité qui n'a pas suffi jusqu'ici à rassurer les marchés.