Le Royaume-Uni va entrer de plain-pied cette année dans la cure d'austérité imposée par le gouvernement de David Cameron, avec l'entrée en vigueur mardi d'une hausse de la TVA à 20%, qui inaugure un train de mesures de rigueur.

La taxe sur la valeur ajoutée britannique avait été abaissée temporairement à 15% par les travaillistes durant la crise économique et financière, avant de remonter à 17,5%, ce qui restait un des taux les plus bas de l'UE.

Mais, symbole de l'abandon des politiques de relance au profit de la lutte contre les déficits, érigée en Europe en priorité absolue, elle grimpera le 4 janvier à 20%, dépassant ainsi les niveaux appliqués en France ou en Allemagne.

Cette mesure rapportera à elle seule plus de 12 milliards de livres (14 milliards EUR) en année pleine, et constitue un des principaux rouages du sévère tour de vis annoncé en juin par le gouvernement de coalition britannique, dirigé par le conservateur David Cameron.

Cette cure d'austérité d'une ampleur sans précédent dans l'histoire du pays vise à réaliser 81 milliards de livres (92 milliards d'euros) d'économies en moins de cinq ans, auxquels s'ajouteront 30 milliards de livres de hausses d'impôts, pour ramener le déficit britannique à 1,1% du PIB en 2015 contre 10,1% cette année.

Selon les dernières projections officielles, ce tour de vis entraînera la suppression de 330 000 emplois publics, et se traduira par une baisse drastique des budgets de la quasi-totalité des ministères.

Le gros de ces coupes colossales, dont la répartition n'a été annoncée qu'en novembre, sera appliqué à partir du prochain exercice budgétaire, qui démarrera début avril.

Le printemps s'annonce du coup agité. Car les syndicats, qui se sont pour l'instant contentés de grèves sporadiques (métro, pompiers londoniens...) contre l'austérité, vont tenter de mobiliser leurs troupes lorsque ces coupes budgétaires entreront en jeu, et espèrent organiser des débrayages à l'échelle nationale, comme le prônent plusieurs fédérations de fonctionnaires.

De quoi peut-être gâcher le mariage royal, qui doit être célébré le 29 avril, entre le prince William, deuxième dans l'ordre de succession au trône, et Kate Middleton.

L'automne promet également d'être délicat. C'est là en effet qu'entrera en vigueur la hausse des droits d'inscription universitaires, qui vont doubler, voire tripler selon les établissements.

Cette mesure a déjà provoqué un mouvement de colère parmi les lycéens et étudiants. Leur mobilisation a surpris une opinion qui avait perdu l'habitude des manifestations d'ampleur, et a donné lieu à plusieurs débordements violents qui ont pris de court les autorités.

Dans son message du nouvel an, diffusé vendredi, le premier ministre David Cameron a réaffirmé que tous ces sacrifices seraient indispensables pour remettre les finances publiques d'aplomb, et éviter au pays un sort similaire à celui de la Grèce ou de l'Irlande voisine.

«2011 sera difficile, car nous aurons à franchir des étapes douloureuses, mais nécessaires. Mais ces mesures sont essentielles pour remettre notre économie et notre pays sur le bon chemin», a-t-il plaidé.

De leur côté, les économistes, sans prévoir pour le moment un retour à la récession, redoutent l'impact de cette potion sur le chômage et la croissance britannique, qui pourrait de plus être fragilisée par les déboires de la zone euro.

D'autant que la Banque d'Angleterre, qui avait volé au secours de l'économie durant la crise, aura du mal à relancer son soutien en cas de besoin, sous peine d'accélérer le dérapage des prix.