La monnaie unique européenne finit l'année dans une relative stabilité face au dollar américain malgré la tempête financière qui traverse la zone euro, aidée par les incertitudes qui pèsent aussi sur l'économie américaine, mais résiste mal face à une monnaie refuge comme le franc suisse.

Depuis deux semaines, la monnaie unique reste cantonnée dans une fourchette étroite, ballotté entre 1,3130$US et 1,3499$US au gré du flux et du reflux des inquiétudes sur la crise de la dette en zone euro et sur un marché dont les volumes d'échanges s'amenuisent à l'approche des fêtes de fin d'année.

Les cambistes craignent que cette crise, qui a déjà poussé la Grèce et l'Irlande à faire appel à une aide extérieure pour tenter de rétablir leurs finances publiques, ne s'étende à d'autres pays fragiles, comme le Portugal, l'Espagne, l'Italie et la Belgique.

Tentant d'apaiser ces craintes, les dirigeants européens sont tombés d'accord jeudi soir pour modifier le traité de Lisbonne afin d'autoriser explicitement les pays de l'Union monétaire à créer un dispositif de solidarité financière entre eux.

«Nous nous tenons prêts à faire tout ce qui est nécessaire pour garantir la stabilité de la zone euro», ont indiqué dans une déclaration les chefs d'État et de gouvernement européens, à l'issue de la première journée d'un sommet à Bruxelles achevé vendredi.

Pour les analystes, le déroulement du sommet a rassuré les marchés, qui ont un temps craint un nouveau psychodrame européen.

Ce sommet a également aidé le marché des changes et le marché obligataire -pourtant plus sensible que l'euro aux soubresauts de la crise actuelle- à faire peu de cas de la dégradation vendredi de la dette à long terme de l'Irlande par l'agence de notation financière Moody's.

Il n'en reste pas moins que la monnaie unique a perdu près de 9% de sa valeur face au dollar depuis le début de l'année et demeure sous pression.

Aux yeux des cambistes, la mise en place d'un Fonds permanent de soutien prendra du temps et doit encore surmonter une série d'obstacles, notamment l'opposition politique dans certains des 27 pays membres de l'Union européenne (UE) qui devront ratifier des modifications du traité de Lisbonne.

Et «le fait que le sommet européen n'a apporté que peu de détails concrets ne justifie pas» une progression nette et durable de l'euro face au dollar, estimait Daragh Maher, analyste chez Crédit Agricole CIB.

De plus, pour de nombreux dirigeants de la zone euro, la monnaie unique reste à un niveau trop élevé face au dollar, ce qui pénalise les exportations de la zone, moteur de la reprise économique.

Pour le moment, l'euro fait face à un billet vert lui-même affaibli par des incertitudes sur la vigueur de la reprise américaine, qui ont poussé la Réserve fédérale américaine (Fed) à annoncer fin novembre de nouvelles mesures de soutien à la première économie mondiale.

Or de telles mesures impliquent que la banque centrale américaine fasse tourner la planche à billets, diluant ainsi la valeur des dollars en circulation.

Ces inquiétudes sur l'euro et le dollar poussent les cambistes à privilégier le franc suisse, qui bénéficie de son statut de valeur refuge face aux incertitudes sur la reprise mondiale, mais également de fondamentaux macroéconomiques vigoureux.

La devise helvétique est ainsi montée vendredi jusqu'à 1,2721 franc suisse pour un euro, un nouveau sommet historique, et jusqu'à 0,9559 franc suisse pour un dollar, son niveau le plus élevé depuis un mois et demi.