La Banque mondiale a annoncé lundi à Cancun (Mexique) le lancement d'un Fonds, qui pourrait atteindre 100 M USD, pour aider les pays en développement et émergents à mettre en place leurs propres marchés du carbone.

«Nous lançons ce partenariat pour permettre un échange d'information mais aussi apporter un soutien financier», a expliqué Robert Zoellick, président de la BM, au cours d'une conférence de presse en marge des négociations internationales sur le climat sous l'égide de l'Onu.

«Il y a certain nombre de pays tels que la Chine, le Chili, l'Indonésie et le Mexique qui regardent activement dans quelle mesure ils peuvent utiliser des instruments de marché pour mener à bien leurs plans de réduction d'émissions (de gaz à effet de serre)», a-t-il ajouté.

Ce partenariat qui devrait être opérationnel début 2011, vise une série d'instruments de marchés tels que les marchés de quotas, à l'image de celui mis en place par l'UE, ou le marché international de projets à l'image de ceux mis en place dans le cadre du protocole de Kyoto (Mécanismes de développement propre - MDP).

Les MDP permettent en particulier aux industries des pays du Nord d'«effacer» une partie de leurs émissions de gaz à effet de serre en investissant dans des projets «propres» au Sud.

«Certains de ces programmes peuvent être mis en place à l'échelle d'un pays, d'une région ou d'un secteur, a souligné M. Zoellick. Mais une des possibilités est ensuite d'interconnecter ces différents marchés», a-t-il ajouté.

L'ONG Friends of the Earth, farouchement opposée aux mécanismes de marché, a immédiatement dénoncé «le rôle pervers» de la Banque mondiale dans la lutte contre le changement climatique.

«Les marchés du carbone sont des outils viciés pour répondre au changement climatique, a déclaré Karen Orenstein, de Friends of the Earth USA. Ils sont peu fiables, peuvent faire l'objet de fraudes et présentent des lacunes qui affaiblit leur efficacité environnementale.»

Le marché européen des quotas (ETS) est à ce jour le seul marché de quotas de CO2 fonctionnant à grande échelle.

Les États-Unis avaient envisagé de créer un marché similaire au niveau fédéral mais le projet de loi sur le climat dans lequel il était inscrit a été abandonné et la nouvelle donne politique américaine rend hautement improbable une telle décision dans les deux années à venir.