L'Europe, qui réunit la semaine prochaine ses ministres des Finances, reste confrontée à une tâche immense pour rassurer sur l'état de santé de la zone euro, alors que le plan d'aide à l'Irlande n'a guère réussi à dissiper les craintes de contagion à d'autres pays.

Les grands argentiers de la zone euro se retrouvent lundi à Bruxelles pour leur réunion mensuelle, puis ceux de l'ensemble de l'UE mardi. Ils doivent régler les derniers détails du plan d'aide à l'Irlande, qui sera formellement adopté, mais aussi évoquer la situation de la zone euro après une semaine inquiétante.

Les ministres «vont continuer à affiner et renforcer la réponse systémique de l'Europe à la crise actuelle», a déclaré vendredi le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn.

La situation est difficile, car l'annonce dimanche d'un plan d'aide de 85 milliards d'euros pour l'Irlande et la présentation des contours du futur Fonds de secours permanent de la zone euro après 2013 n'ont pas réussi à apaiser les marchés, inquiets de l'ampleur de la dette publique dans plusieurs États.

Rien n'est par ailleurs bouclé pour l'Irlande: le budget de rigueur irlandais pour 2011, qui constitue une condition sine qua non du plan international, doit encore être présenté mardi puis adopté définitivement par le Parlement national début 2011. Et il apparaît menacé en raison de contestations politiques internes.

Dans ce contexte, les marchés ont continué à malmener cette semaine les pays les plus fragiles de la zone euro: Portugal, Espagne, mais aussi Italie ou Belgique ont vu les taux d'intérêt de leurs emprunts grimper.

Seule la Banque centrale européenne (BCE) a réussi jeudi à calmer le jeu. Elle a annoncé le maintien de son dispositif de mesures exceptionnelles en faveur des banques. Surtout, son président Jean-Claude Trichet a indiqué que l'institution allait «poursuivre» son programme de rachat de dette des États de la zone euro en difficulté.

La BCE a accéléré depuis jeudi ses rachats de dette portugaise et irlandaise, selon les salles de marché, afin de stabiliser la zone euro.

Mais les Européens doivent trouver des réponses plus fondamentales à une crise qui menace de saper les fondements de leur Union monétaire.

Parmi les options envisagées, un éventuel renforcement si nécessaire du Fonds de secours de la zone euro, doté actuellement de 440 milliards d'euros de garanties des États, a été évoqué la semaine dernière par le président de la banque centrale allemande, Axel Weber. Il a été rejeté par plusieurs responsables européens depuis, mais l'hypothèse demeure.

Autre idée sur la table: la mise à disposition de moyens plus importants pour le futur Fonds de secours permanent, destiné à remplacer le dispositif actuel à partir de la mi-2013.

Les dirigeants européens, doivent discuter des contours précis de ce futur mécanisme lors d'un sommet le 16 décembre.

Selon une source européenne, les capitales européennes réfléchiraient notamment à faire participer les États de l'UE non membres de la zone euro à ce mécanisme permanent, ce qui augmenterait mécaniquement les sommes à disposition.

Des rumeurs, aussitôt démenties, ont fait aussi état d'un possible renforcement des moyens que le FMI met à disposition de la zone euro face à la crise. Ils sont actuellement de 250 milliards d'euros dans le cadre d'un plan d'aide global de 750 milliards d'euros pour la zone euro, adopté au printemps.

Vu la gravité de la situation, un possible sommet exceptionnel de crise des dirigeants de la zone euro a même été brièvement évoqué jeudi, avant que l'information ne soit démentie à Bruxelles.

«Il n'y a pas une crise de l'euro en tant que monnaie», a encore martelé vendredi M. Trichet.