Le chef du gouvernement espagnol a annoncé mercredi un nouveau train de mesures anti-crise, mêlant austérité et relance, sous la pression des marchés qui doutaient ces derniers jours de la solidité financière du pays et de sa capacité à se redresser.

Le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero a surpris mercredi en annonçant devant le Parlement un «paquet de mesures» avec en particulier la suppression des allocations exceptionnelles pour les chômeurs en fin de droit.

Cette allocation de 426 euros, adoptée en août 2009, pour aider le nombre grandissant des chômeurs de longue durée dans un pays durement touché par la crise économique, ne sera pas renouvelée à son échéance en février, a indiqué le chef du gouvernement.

«Le gouvernement va adopter vendredi prochain un paquet de mesures pour favoriser l'investissement et l'emploi, qui vont favoriser spécialement les PME», a expliqué M. Zapatero.

Le chef du gouvernement a ainsi annoncé une baisse des impôts pour les petites et moyennes entreprises (PME) à travers l'assouplissement des critères pour l'attribution du taux d'imposition réduit, une mesure qui bénéficiera à 40 000 PME.

Il a également annoncé une série de privatisations partielles qui permettront à l'État d'engranger des recettes supplémentaires. «Nous allons privatiser 30% de la société publique des loteries et paris», a-t-il expliqué.

«Nous allons donner accès au capital privé pour la gestion des aéroports à hauteur de 49% et la gestion des aéroports de Madrid et de Barcelone deviendra privée à travers un régime de concession», a-t-il annoncé.

Cette annonce intervient après plusieurs jours de turbulences sur les marchés boursiers et obligataires pour les valeurs espagnoles, avec une forte tension pour les taux des obligations d'État espagnoles, signe de défiance vis-à-vis de la solidité financière.

A la suite de la crise irlandaise, et en dépit des propos rassurants de Madrid, les investisseurs s'étaient remis à douter de la capacité de l'Espagne à assainir ses finances publiques et relancer son économie.

La Commission européenne avait d'ailleurs émis, cette semaine, des doutes sur l'objectif du gouvernement espagnol de réduction à 6% du PIB pour le déficit public en 2011, contre 9,3% prévus cette année.

Bruxelles a accueilli, mercredi, positivement l'annonce de ces «nouvelles mesures concrètes» par Madrid, qui «confirment la détermination à continuer sur la voie des réformes», selon un porte-parole de la Commission.

Les syndicats espagnols ont eux durement critiqué les nouvelles mesures «anti-économiques, profondément antisociales et contradictoires», selon un porte-parole de la grande centrale CCOO.

La Bourse de Madrid a accueilli positivement l'annonce avec une forte hausse de plus de 4,5% pour l'indice vedette, en début d'après-midi sur fond de détente sur les marchés obligataires pour les taux espagnols.

L'indice Ibex-35 des 35 valeurs vedettes espagnoles progressait de 4,48% à 9682 points à 14h45 (heure locale) avec une envolée des valeurs bancaires: l'action du numéro un espagnol, Santander, prenait 7,60% à 7,855 euros, et le numéro deux BBVA s'envolait de 7,25% à 7,59 euros.

Le regain de confiance était aussi notable mercredi du côté des obligations espagnoles, avec des taux à dix ans en baisse à 5,3% et un écart avec les obligations allemandes de référence à 260 points de base contre une différence de près de 300 points (3,00%) mardi.