Malgré les inquiétudes suscitées par la crise irlandaise, la Commission européenne a révisé lundi à la hausse ses prévisions de croissance pour les 16 pays de la zone euro, tout en notant que les déficits de pays affaiblis comme le Portugal et l'Espagne pourraient être plus élevés qu'attendu.

Dans ses prévisions d'automne, Bruxelles estime que la croissance économique de la zone euro atteindra vraisemblablement 1,7%, presque le double de la prévision diffusée au printemps (0,9%).

La croissance devrait ralentir l'an prochain à 1,5%, sous l'effet de l'affaiblissement de la croissance mondiale et des mesures d'austérité adoptées par les gouvernements de la zone euro. Mais elle devrait reprendre en 2012, avec une hausse de 1,8%.

Le ralentissement de l'année prochaine devrait être le plus marqué en Allemagne, la plus forte économie européenne. Après 3,7% cette année, la croissance allemande devrait rester toutefois supérieure à 2,2%. La France, deuxième puissance économique européenne, devrait connaître une croissance de 1,6% cette année comme la suivante, selon Bruxelles.

Le Portugal, considéré par beaucoup comme le plus faible pays de la zone euro après la Grèce et l'Irlande, devrait revenir en récession l'an prochain avec une contraction du Produit intérieur brut (PIB) de 1% après une hausse de 1,3% cette année.

Le commissaire européen en charge des affaires économiques et monétaires Olli Rehn a prévenu que les gouvernements devaient continuer de contrôler leur déficit.

«Les turbulences sur les marchés de la dette souveraine soulignent la nécessité d'une action politique solide», a-t-il dit. Les pays doivent se tenir prêts à prendre des mesures d'austérité supplémentaires même si la croissance est moins forte que prévu.

La Commission prévoit notamment que les déficits budgétaires espagnol, portugais et irlandais devraient dépasser les niveaux que ces pays s'étaient fixés comme objectifs dans leurs programmes de rigueur.

La Commission s'attend ainsi à ce que le déficit de l'Espagne atteigne 6,4% du PIB, au-dessus des 6% prévus par le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero, selon Olli Rehn.

Cet écart s'explique notamment par le fait que Bruxelles ne prévoit qu'une croissance de 0,7% en 2011 pour l'Espagne, inférieure à la prévision de Madrid. Même si la stratégie fiscale espagnole est sur la bonne voie, Madrid pourrait devoir prendre des mesures supplémentaires si la croissance se révèle plus faible que prévu.