Les taux des pays les plus fragiles de la zone euro ont continué de se tendre jeudi, atteignant des niveaux jamais vus pour l'Irlande et entraînant dans leur sillage les taux des pays solides, victimes de la défiance des investisseurs pour toutes les dettes souveraines en Europe.

À 13h, les taux irlandais à 10 ans, qui ont franchi dans la journée pour la première fois depuis l'entrée du pays dans la zone euro la barre des 9%, s'établissaient à 9,080% contre 8,864% mercredi soir.

Les taux espagnols, qui ont évolué toute la journée au-dessus de 5%, barre franchie pour la première fois depuis 2002 mercredi, se tendaient à 5,166% contre 5,064% la veille.

Quant aux taux portugais à 10 ans, ils étaient à 7,004% contre 7,016%.

«L'environnement reste très négatif, il y a un désintérêt complet pour les dettes souveraines, alimenté par ailleurs par des rumeurs complètement fausses», explique Patrick Jacq, stratégiste obligataire chez BNP Paribas.

«Sur l'Irlande et le Portugal, les échanges sont extrêmement limités. Personne ne veut prendre de risque. Cela reste très fragile», ajoute-t-il.

Dans ce contexte de défiance généralisée, la chancelière allemande a tenté de calmer les esprits jeudi en déclarant avoir «plus confiance qu'au printemps» en la stabilité de la zone euro. Des propos qui contrastent avec ceux qu'elle avait tenus en début de semaine sur la zone euro qui était «dans une situation extrêmement sérieuse».

Malgré tout, les craintes de contagion de la crise à d'autres pays de la zone euro perdurent et le climat pèse sur tous les pays.

«Le peu d'appétit pour les dettes souveraines se répercute aussi sur les plus solides. Nous voyons que cela se dégrade même pour l'Allemagne», ajoute M. Jacq, un événement plutôt rare, puisque les investisseurs arbitrent en général entre dettes des pays solides et celles des plus fragiles.

Ainsi, le rendement du Bund allemand à 10 ans se stabilisait à 2,713% contre 2,711% mercredi soir, après s'être tendu en séance, tout comme celui de l'OAT française à 10 ans à 2,137% contre 3,123%.

Hors zone euro, le rendement du Gilt britannique progressait à 3,360% contre 3,333% la veille.

Le marché pourrait toutefois connaître un peu de soutien en début de semaine prochaine: en effet, après des jours de baisse des prix, «on devrait revenir à des niveaux qui sont fondamentalement attractifs», estime le stratégiste.

Aux États-Unis, le marché obligataire était fermé pour cause de Thanksgiving.

Sur le marché interbancaire, l'Euribor à trois mois, principal taux en zone euro, a progressé à 1,031% contre 1,030% tout comme le Libor à trois mois libellé en dollars qui s'établit à 0,292% contre 0,287%.