Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a assuré mardi que l'avenir de la monnaie unique se jouait avec la résolution de la crise budgétaire de l'Irlande, qui vient de faire appel à l'aide internationale.

«C'est l'avenir de notre monnaie unique qui est en jeu», a dit M. Schäuble devant les députés allemands. Un peu plus tard, à un congrès économique, la chancelière Angela Merkel a jugé que la zone euro était «dans une situation extêmement sérieuse».

M. Schäuble a assuré que l'Allemagne devait prendre ses responsabilités face à la crise irlandaise, faute de quoi «les conséquences économiques et sociales pour notre pays seraient incalculables».

Les banques allemandes détiennent pour environ 100 milliards d'euros d'obligations émises par l'Irlande, autant que les banques britanniques, et seraient touchées de plein fouet si le pays ne pouvait plus honorer ses dettes.

L'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI) ont répondu favorablement dimanche soir à une demande d'aide financière de Dublin pouvant aller jusqu'à 90 milliards d'euros. L'Irlande va ainsi devenir le deuxième pays de la zone euro à bénéficier cette année d'un soutien de ses partenaires, après la Grèce.

Alors que l'Allemagne s'était faite prier au printemps dernier pour aider la Grèce, elle a été plus clémente avec l'Irlande, du moins publiquement.

Les difficultés de l'Irlande «sont tout à fait différentes de celles de la Grèce», a répété Mme Merkel mardi.

Mais comme avec la Grèce, l'aide accordée à l'Irlande sera soumise à conditions «afin que les causes (des problèmes) soient soignées», a-t-elle ajouté.

Les difficultés de la république celtique, qui fait face à un déficit attendu à 32% de son produit intérieur brut (PIB) cette année, «datent de l'époque d'avant la crise», a expliqué la chancelière allemande, «et c'est à cela qu'on voit que la crise économique en tant que telle n'est pas terminée».

Mme Merkel a réaffirmé sa détermination à contribuer à la mise en place en Europe d'un «mécanisme de résolution de crise», qui prendrait à partir de 2013 le relais du fonds de soutien européen existant et règlerait les modalités de sauvetage d'un pays en déroute financière.

Berlin pousse pour une implication des détenteurs privés d'obligations souveraines à ce mécanisme, une idée à laquelle se sont rangés ses partenaires européens mais qui est loin de faire l'unanimité.

«Je ne lâcherai pas prise, a prévenu Mme Merkel mardi. Les gens dans notre pays ne le comprendraient pas», a-t-elle ajouté, répétant sa conviction que les investisseurs devaient supporter les coûts associés aux difficultés d'un État tout autant que les contribuables.