Les ministres des Finances de la zone euro se retrouvent mardi à Bruxelles dans un contexte de crise, alors que la probabilité d'une aide à l'Irlande, au moins pour ses banques, grandit et que les risques de contagion à d'autres pays comme le Portugal s'accentuent.

La réunion de l'Eurogroupe doit débuter vers 11h00 (heure de Montréal) à Bruxelles. Elle sera suivie mercredi par une rencontre des grands argentiers de toute l'UE. Il s'agit de la rencontre mensuelle des ministres, mais elle intervient dans un contexte très sensible.

«Nous sommes confrontés à une crise pour notre survie», n'a pas hésité à dire mardi le président de l'UE Herman Van Rompuy.

«Nous devons tous travailler de concert afin de permettre à la zone euro de survivre. Car si la zone euro ne survit pas, l'Union européenne ne survivra pas non plus», a-t-il ajouté, alors que les inquiétudes grandissent au sujet de l'Union monétaire.

Dublin, en particulier, est sous pression de certains de ses partenaires et surtout de la Banque centrale européenne pour accepter une aide financière extérieure, afin de rassurer les marchés et d'éviter un phénomène de contagion aux autres pays de la zone euro.

Le déficit abyssal de l'Irlande, qui devrait culminer à 32% du Produit intérieur brut cette année, inquiète les investisseurs. Il a fait s'envoler la semaine dernière les taux d'intérêt des emprunts d'État à des niveaux sans précédent.

Mais le gouvernement irlandais refuse pour le moment une aide budgétaire: il juge avoir de quoi se refinancer pour l'instant pour ses déficits et veut éviter une intervention extérieure qui risquerait d'être vécue comme une perte intolérable de souveraineté.

«L'Irlande ne sollicitera aucune aide financière parce que nous sommes totalement financés jusqu'au milieu de l'année prochaine», a déclaré le Premier ministre irlandais Brian Cowen lundi soir.

Cependant, «nous sommes en discussion avec nos partenaires sur la meilleure façon de consolider la stabilité financière et bancaire», a-t-il ajouté.

Selon des médias irlandais, le gouvernement pourrait accepter une aide européenne si elle est destinée uniquement à renflouer son secteur bancaire dans la tourmente.

Le filet de sécurité de 750 milliards d'euros mis sur pied par les Européens au printemps pour les pays de la zone euro en difficulté n'est pas prévu pour aider directement des banques individuelles.

Mais une partie voire la totalité du soutien à un État pourrait toujours, comme dans le cas de l'aide à la Grèce au printemps, être orientée en faveur du secteur bancaire, selon une source européenne.

La BCE pousse en tout cas pour un plan d'action rapide pour l'Irlande car elle redoute de graves répercussions sur le marché des emprunts d'État. Elle est soutenue par des pays comme le Portugal ou l'Espagne qui veulent éviter d'être à leur tour emportés par la bourrasque.

Mais les responsables européens sont divisés sur la marche à suivre et d'autres capitales apprécient peu ces pressions, selon des diplomates.

Reste que les inquiétudes sont vives concernant une possible contagion de la crise irlandaise à des pays comme le Portugal, la Grèce ou l'Espagne, dont les taux d'emprunt à long terme ont également flambé la semaine dernière.

Le Portugal inquiète particulièrement, malgré le vote par son Parlement le 3 novembre en première lecture d'un budget d'une rigueur sans précédent pour 2011.

Le ministre portugais des Finances, Fernando Teixeira dos Santos, a parlé d'un risque «élevé» que son pays doive aussi faire appel à l'aide de l'Europe.

«Nous ne faisons pas face au problème d'un seul pays. C'est le problème de la Grèce, du Portugal et de l'Irlande», a-t-il dit.