Le ministre du Commerce international, Peter Van Loan, balaie d'un revers de main les conclusions d'une étude qui soutient qu'une entente de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne (UE) entraînerait la perte de dizaines de milliers d'emplois dans le secteur manufacturier au pays.

Selon cette étude réalisée par l'économiste Jim Stanford, du Syndicat national de l'automobile, pour le compte du Centre canadien de politiques alternatives, l'abolition des tarifs douaniers accentuerait le déficit commercial du Canada avec le continent européen.

Actuellement, ce déficit est de 15 milliards de dollars en marchandises annuellement. Un plus grand déficit commercial ferait perdre à l'économie canadienne jusqu'à 150 000 emplois, selon M. Stanford.

Trois facteurs

Trois facteurs pourraient contribuer à une augmentation du déficit commercial, selon lui. D'abord, le Canada importe déjà plus de produits de l'UE qu'il n'en exporte vers le continent européen. Ensuite, comme les tarifs qu'impose le Canada sont nettement plus élevés que les tarifs européens, l'abolition de ceux-ci favoriserait davantage les importations. Enfin, la hausse du dollar canadien par rapport à l'euro rend les produits canadiens plus coûteux en sol européen.

Mais le ministre Van Loan a soutenu que plusieurs organisations avaient prédit des scénarios catastrophiques durant les négociations entre le Canada et les États-Unis qui ont permis de conclure un accord de libre-échange dans les années 80. Il a affirmé que l'histoire démontre qu'ils ont eu tort de jouer les prophètes de malheur à l'époque et qu'ils auront de nouveau tort dans l'éventualité où le Canada et l'UE concluent un pacte de libre-échange d'ici à 2011.

«À l'époque, ils disaient vouloir conserver la même proportion du marché de l'auto au pays que notre proportion de la population en Amérique du Nord, soit 9%. Devinez quoi? Nous représentons encore 9% du marché nord-américain, mais nous produisons 21% des automobiles en Amérique du Nord. Ils avaient tort à l'époque. Ils ont tort aussi aujourd'hui. Ils sont simplement opposés à une entente qui n'a pas encore été conclue», a ajouté le ministre.

12 milliards de retombées

M. Van Loan a ajouté qu'une étude réalisée il y a deux ans par un groupe de gens d'affaires évaluait au contraire à 12 milliards de dollars les retombées économique pour le Canada s'il signait une entente de libre-échange avec l'UE.

Selon l'avocat spécialiste en droit commercial Simon Potter, de McCarthy Tétrault, il ne fait aucun doute qu'une entente visant à libéraliser le commerce entre le Canada et les pays membres de l'UE aura des retombées économiques positives pour le pays.

À l'instar du ministre Van Loan, M. Potter a affirmé que certaines organisations, comme le syndicat des travailleurs de l'automobile, évoquent les pires scénarios chaque fois que le Canada discute de libre-échange avec un autre pays.

«Il faut dire que ces gens-là, à la veille de chaque entente de libre-échange, expriment des opinions selon lesquelles une entente va faire mal à tout le monde. Mais le fait est que les ententes de libre-échange ont été bénéfiques pour le Canada. Il faut analyser leurs conclusions dans ce contexte-là. Ils ont une attitude protectionniste», a dit M. Potter.

M. Potter a soutenu que la controverse provoquée par la décision du gouvernement du Québec de ne pas lancer d'appel d'offres pour l'achat de voitures de métro a probablement entaché quelque peu le déroulement des négociations entre le Canada et l'UE, mais pas au point de les faire dérailler.