Une appréciation du yuan est dans l'intérêt de la Chine et aiderait le pays à contenir l'inflation et à accroître la demande intérieure, a affirmé mardi la Banque mondiale (BM).

«Je pense qu'une véritable appréciation du renminbi (nom officiel du yuan) est probablement dans l'intérêt de la Chine pour de nombreuses raisons», a déclaré l'économiste en chef de la BM pour la Chine, Ardo Hansson à l'occasion de la publication d'un rapport de l'institution sur les économies en développement d'Asie orientale.

«Marginalement, cela peut aider à juguler l'inflation en abaissant le prix des produits importés... et faire partie intégrante des mesures pour gérer les entrées de capitaux», a ajouté M. Hansson devant quelques journalistes à Pékin.

Le gouvernement chinois craint que la perspective d'une réévaluation attire en Chine des fonds spéculatifs qui chercheraient à se placer ailleurs après avoir profité d'une hausse du yuan.

L'inflation s'est accélérée en Chine au cours des derniers mois, atteignant son niveau le plus élevé en presque deux ans au mois d'août. Mais l'augmentation est principalement due à la hausse des prix des denrées alimentaires, en raison des inondations qui ont frappé la Chine cet été.

Une monnaie plus forte donnerait aussi, comme le souhaite le gouvernement, un coup de fouet à la demande intérieure, grâce à des importations moins chères, a ajouté M. Hansson.

Le rapport de la Banque mondiale est publié alors que la Chine est de plus en plus pressée par ses partenaires commerciaux de laisser s'apprécier plus rapidement qu'elle ne le fait sa monnaie par rapport au dollar.

Le yuan s'est apprécié «de façon plus modérée» que les autres monnaies de la région, selon la BM, dont les propos sont beaucoup plus modérés que ceux de certains hommes politiques américains ou européens qui considèrent que le yuan est très fortement sous-évalué.

La Chine a catégoriquement rejeté toute réévaluation brutale de sa monnaie, qui mettrait en péril ses industries exportatrices et des millions d'emplois.

En gage de bonne volonté, Pékin a toutefois laissé le yuan s'apprécier d'un peu moins de 3% depuis le mois de juin.