Le ministre allemand de l'Économie, Rainer Brüderle, a jugé mercredi que les critiques américaines à l'égard de la politique de change de la Chine étaient largement dues au fait que les États-Unis «n'arrivaient pas à maîtriser leurs problèmes» de compétitivité.

Les États-Unis, qui accusent la Chine de sous-évaluer sa monnaie pour stimuler ses exportations, «sont à la veille d'élections, et n'arrivent pas à maîtriser leurs problèmes», a estimé le ministre libéral, en visite en Chine, pour expliquer la virulence de la position américaine dans cette dispute, qui a dominé les débats lors de l'assemblée générale du Fonds monétaire international (FMI) à Washington le week-end dernier.

Un projet de loi adopté fin septembre par la Chambre des représentants américaine prévoit, s'il est voté au Sénat et signé par le président Barack Obama, des droits de douane punitifs sur les produits chinois vendus aux États-Unis.

«Beaucoup d'arguments laissent à penser que le yuan est sous-évalué», a concédé M. Brüderle, notamment les réserves de devises accumulées par la Chine.

Mais «je conseille à nos amis (américains) de mettre eux-mêmes le paquet» pour réduire leur déficit commercial, et améliorer la compétitivité de leur économie, a-t-il poursuivi.

«Mon souci est que l'on privilégie des solutions de court terme pour des raisons électorales et partisanes», a-t-il ajouté, alors que les électeurs américains seront appelés aux urnes mi-novembre pour les législatives de mi-mandat.

L'Allemagne a été moins prompte que d'autres pays à pointer le doigt vers la Chine dans cette «guerre des changes» qui voit les banques centrales de différents pays intervenir pour faire baisser le cours de leur devise.

La problématique «joue pour l'économie allemande un rôle moindre que pour d'autres», a estimé M. Brüderle, parce que les produits allemands sont très demandés et moins sensibles aux prix que d'autres.

La reprise très vigoureuse de l'économie allemande doit beaucoup aux exportations vers l'Asie, et notamment la Chine. Les échanges commerciaux entre les deux pays devraient atteindre 100 milliards d'euros cette année, selon M. Brüderle.

Berlin se range également du côté de Pékin par solidarité: l'Allemagne aussi s'est vu reprocher, notamment par les États-Unis, de privilégier les exportations, aux dépens de ses partenaires. «En ce moment je récolte plus de critiques du secrétaire au Trésor américain que de la Chine», a commenté le ministre allemand.