Le marché des devises restait de marbre lundi après les rencontres du week-end entre les grands argentiers mondiaux, qui ne sont parvenus à aucune décision concrète pour éviter une «guerre des changes», tous les regards étant à nouveau tournés vers l'économie américaine.

Vers 11h00, heure GMT (07h00, heure de Montréal), l'euro se stabilisait face au billet vert, à 1,3933 contre 1,3926 dollar vendredi soir. Il a brièvement franchi auparavant la barre de 1,40 dollar, comme il l'avait fait jeudi, avant de retomber sous ce seuil.

L'euro perdait un peu de terrain face à la devise nippone (à 114,17 yens contre 114,29 yens vendredi à 21h00, heure GMT), tandis que le dollar se stabilisait aussi face au yen (à 81,97 yens contre 82,06 yens vendredi soir).

Bref, aucun mouvement d'ampleur significative n'était constaté.

Les ministres des Finances du G7 et du G20, qui se sont réunis en marge de l'assemblée du FMI à Washington, «semblent avoir essayé de minimiser les conflits et la mésentente sur les changes, mais il n'y a eu aucun engagement visant à changer ces comportements», rappelait Steve Englander, analyste chez Citibank.

Dans ce contexte, le problème numéro un en matière de devises est resté inchangé: la faiblesse du dollar, qui menace de désorganiser l'ensemble du système en handicapant les exportations -et donc la reprise- de tous les pays dont la monnaie s'apprécie face à celle de la première économie mondiale.

C'est donc un retour à la case départ, notaient lundi les analystes. Les cambistes semblent avoir simplement passé les rencontres du week-end par pertes et profits pour se concentrer à nouveau sur les États-Unis.

Ils attendent donc désormais la publication, mardi, des minutes de la dernière réunion de politique monétaire de la banque centrale américaine, la Fed, à l'affût du moindre signe sur la mise en oeuvre de mesures de soutien.

L'injection de milliards de dollars dans le circuit économique américain, sous forme notamment d'achat d'obligations ou d'actifs, aurait sans doute bien plus d'effet sur le rapport entre les monnaies que des rencontres d'ordre politique.

«En fonction des décisions prises par la Fed, le dollar pourrait rapidement se déprécier encore plus», estime Stephen Gallo, analyste chez Schneider FX.

Ce qui ferait sans doute l'affaire des Américains, mais pas celle des Européens ou des pays émergents.

Les dirigeants européens semblent quant à eux condamnés à une certaine impuissance: «l'euro a été relativement absent des débats du week-end, notait Steve Englander, car il semble admis que les mouvements de la monnaie unique ne font que refléter des forces bien plus puissantes à l'oeuvre, en Chine et aux États-Unis».

Cependant, «la progression continue de l'euro ne semble pour l'instant avoir aucun impact sur l'économie de la zone euro», notait Valentin Marinov, analyste chez Citibank, ce qui ne devrait pas pousser la Banque centrale européenne (BCE) à intervenir sur le marché à très court terme.

Le sujet restera en tout cas à l'ordre du jour du côté des dirigeants politiques notamment lors de la présidence du G20 par la France, qui en a fait un thème prioritaire.