L'euro et l'économie espagnole sont menacés par les programmes d'austérité mis en place en Europe, estime le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz, dans une nouvelle édition de son livre «Le Triomphe de la cupidité», dont des extraits ont été publiés dimanche dans le Sunday Telegraph.

«L'inquiétude provient du fait qu'une vague d'austérité se propage à travers l'Europe, allant même jusqu'à toucher les côtes de l'Amérique. Avec autant de pays réduisant leurs dépenses de manière prématurée, la demande internationale va être réduite et la croissance va se ralentir, allant peut-être jusqu'à provoquer une nouvelle récession», écrit l'ancien économiste en chef de la Banque Mondiale.

«L'Amérique a peut-être été à la base de la récession mondiale mais c'est l'Europe qui dorénavant rend la pareille», ajoute-t-il dans la postface de la nouvelle édition de son livre.

«Suivant les règles du jeu, l'Espagne doit dorénavant réduire ses dépenses, ce qui va presque sans aucun doute provoquer une nouvelle hausse de son taux de chômage», avertit-il. «Son économie ralentissant, l'amélioration de sa situation budgétaire pourrait être minime. L'Espagne pourrait ainsi entrer dans la sorte de spirale de la mort qui a touché l'Argentine il y a seulement une décennie. Ce n'est que quand l'Argentine a rompu l'indexation de sa monnaie sur le dollar qu'elle a recommencé à croître et que son déficit a diminué», ajoute-t-il.

«Pour le moment, l'Espagne ne fait pas l'objet d'attaques de spéculateurs mais il ne pourrait s'agir que d'une question de temps», prédit-il.

Le prix Nobel n'est pas beaucoup plus confiant sur l'avenir de l'euro, une monnaie dont il a déjà prédit la mort. «Les pays qui partagent la même monnaie ont un taux de change fixe entre leur devise et abandonnent par conséquent un outil important d'ajustement. Tant qu'il n'y a pas de chocs, l'euro se portera bien. Le test sera quand un ou plusieurs pays subiront une crise», juge l'économiste.