La hausse du coût de la vie à Montréal n'effraie pas les touristes. Même si elle est au 9e rang des villes les plus chères du monde à visiter - et la 11e au monde pour y vivre selon UBS - , Montréal a vu son nombre de touristes augmenter de 15% cet été.

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Selon la banque suisse UBS, Montréal se situe au 9e rang sur 73 villes pour le coût de la vie, en excluant l'immobilier. La métropole québécoise est considérée plus dispendieuse à visiter que Londres, Singapour, Sydney, Helsinki, Paris et Los Angeles. Selon UBS, Oslo est la ville la plus chère à visiter, devant Zurich et Genève. Toronto devance Montréal au 8e rang mondial.

Le classement d'UBS change toutefois en incluant le coût de l'immobilier. Hébergement compris, Montréal glisse au 16e rang des villes les plus chères, ex-aequeo avec Chicago. New York reprend le premier rang mondial devant Oslo et Genève. Un séjour à Montréal, qui coûte environ 71,9% d'un séjour dans la Grosse Pomme, reste néanmoins moins cher qu'un séjour à Barcelone, Dublin, Rome et Munich.

Comment Montréal est-il devenu l'une des villes les plus chères à visiter? C'est la faute au huard.

«Le dollar canadien s'est beaucoup apprécié au cours de la dernière année», dit Daniel Kalt, directeur du département de recherche économique de la banque suisse UBS.

Tous les trois ans, UBS mesure le coût de 122 biens de consommateurs dans 73 villes partout dans le monde. Le dernier coup de sonde a été pris en 2009, mais UBS a dévoilé hier une mise à jour de l'étude en ajustant les taux de change.

Depuis un an, le dollar canadien s'est apprécié de 17,6% par rapport à l'euro et de 4,7% par rapport au dollar américain. Des hausses qui n'ont pas effrayé les touristes, plus nombreux cet été selon Tourisme Montréal. Le retour du Grand Prix de Formule 1 aidant, le taux d'occupation des hôtels a augmenté en moyenne de 14,6% du 1er mai au 31 août par rapport à la même période en 2009. Sur deux ans (le Grand Prix a eu lieu en 2008), la hausse est de 5,9%.

«La conjoncture économique a plus d'impact que le taux de change. Avant de décider de partir en voyage, les gens se demandent si l'économie les rend nerveux et s'ils ont peur de perdre leur emploi», dit Pierre Bellerose, vice-président des relations publiques de Tourisme Montréal.

En 2009, Montréal a accueilli environ 7 millions de touristes, dont 4,2 millions durant la saison estivale (entre le 1er mai et le 30 septembre).

Le pouvoir d'achat des Montréalais

UBS tient toutefois à rassurer les Montréalais: leur ville n'est pas devenue trop dispendieuse à leur insu. «La hausse du coût de la vie à Montréal est essentiellement due au taux de change. Pour les Montréalais qui sont payés en dollars canadiens, cette hausse ne fait aucune différence en pratique», dit Daniel Kalt, d'UBS.

Selon la banque suisse, les Montréalais disposent du 11e pouvoir d'achat parmi les 73 villes étudiées. Sur une base annuelle nette (après impôts), les Montréalais s'en tirent mieux que les Torontois (qui suivent au 12e rang) et les résidants de plusieurs métropoles européennes comme Berlin, Bruxelles, Londres, Copenhague et Amsterdam. Montréal est toutefois loin derrière le trio de tête, composé du Zurich, Miami et Los Angeles.

Un Zurichois a un pouvoir d'achat plus élevé de 23% qu'un Montréalais. «Il n'y a pas que l'argent dans la vie, dit Daniel Kalt, qui vit justement à Zurich où il travaille pour UBS. On choisit aussi une ville pour la qualité de vie, les attraits culturels et les loisirs.»