Le fardeau du vieillissement dans les pays industrialisés sera moins lourd que prévu puisque la santé des aînés s'améliore, affirme une étude parue jeudi aux États-Unis, qui préconise une adaptation de la durée d'activité professionnelle.

En plein débat sur la réforme des retraites en France, les auteurs de l'étude proposent de nouveaux outils pour aider les décideurs publics à mieux estimer le coût économique du vieillissement et à déterminer des âges de la retraite plus adéquats.

Alors que les pays riches font face à un accroissement sans précédent du nombre des plus de 65 ans, les chercheurs autrichiens de l'Institut de Vienne sur la démographie (VID) et l'International Institute for Applied Systems Analysis (IIASA) avec leurs confrères de l'Université Stony Brook (New York) ont mis au point de nouveaux indicateurs du vieillissement en prenant en compte les différents degrés de handicap et la longévité.

Actuellement, ces déterminations s'appuient le plus souvent sur les projections de vieillissement faites par l'ONU à partir de la proportion des 65 ans et plus et du ratio de dépendance du troisième âge.

La façon dont sont faites les mesures actuelles revient «à ignorer les progrès dans l'espérance de vie ainsi que dans l'amélioration de l'état de santé», explique Warren Sanderson, un des co-auteurs de l'étude publiée dans la revue Science.

De plus, nombre de personnes de plus de 65 ans n'ont aucun besoin des autres et peuvent au contraire être des fournisseurs d'assistance, relèvent les chercheurs.

À partir de ces constatations, les experts ont calculé que les ratios de dépendance démographique des différents pays étaient inférieurs de 80% à leur évaluation actuelle.

«Si on applique les nouvelles mesures du vieillissement en prenant en compte l'allongement de l'espérance de vie et la diminution du nombre de personnes souffrant de handicaps liés à l'âge, la population vieillit plus lentement que prévu», observe Sergei Scherbov, co-auteur de l'étude.

Les chercheurs ont analysé d'autres mesures portant spécifiquement sur le ratio d'adultes âgés de plus de 20 ans dans la population britannique souffrant de handicaps. Alors que le ratio de dépendance dans le troisième âge augmente, le ratio de personnes handicapées reste constant dans la population.

Selon l'étude, cela signifie «que la population britannique, bien que vieillissant, va aussi probablement rester en bonne santé plus longtemps».

Ces nouvelles mesures «peuvent aider à informer les gens quant aux conséquences de l'amélioration de la santé et de la longévité», jugent les auteurs de l'étude.

C'est ainsi qu'un «changement progressif et prévisible de l'âge de la retraite justifié par un accroissement du nombre d'années de vie en bonne santé pourrait être plus acceptable politiquement qu'une modification brusque justifiée par des contraintes budgétaires», selon eux.

En France, le projet de réforme défendu par le président Nicolas Sarkozy de reporter l'âge minimum de départ en retraite de 60 à 62 ans d'ici 2018 provoque un vaste mouvement de contestation sociale.