La banque britannique Barclays a annoncé mardi la nomination comme directeur général de l'Américain Bob Diamond, considéré comme un des banquiers les plus riches du monde après avoir empoché des bonus mirobolants, au risque d'embarrasser le gouvernement.

Bob Diamond, 59 ans, actuel patron de Barclays Capital, la division de banque de financement et d'investissement de Barclays, a été désigné directeur général en remplacement du Britannique John Varley, qui quittera ses fonctions à la fin mars, selon un communiqué du groupe.

M. Diamond, qui a fait une grande partie de sa carrière à la Barclays, est surnommé par la presse britannique «le banquier aux 100 millions de livres» pour avoir été un grand bénéficiaire de bonus avant la crise financière.

En le plaçant à la tête de l'ensemble du groupe, Barclays «défie le gouvernement» dirigé par le conservateur de David Cameron, qui a promis de veiller à ce que certains excès ne se reproduisent pas, estimait mardi le Times.

Le secrétaire d'État aux Finances Vince Cable a récemment fustigé les «banques casinos» qui jonglent avec d'énormes investissements.

Or Bob Diamond reste l'archétype de ce type de banquier, même si le groupe qu'il s'apprête à diriger a traversé la crise sans dommages, et surtout sans faire appel à l'argent des contribuables contrairement à certaines de ses concurrentes.

Un de ses principaux faits d'armes à la tête de la Barclays Capital est le rachat pour 1,54 milliard de dollars US, fin 2008, de l'activité de courtage de Lehman Brothers aux États-Unis à la suite de la faillite retentissante de la banque d'investissement américaine, qui avait marqué le début de crise financière mondiale.

M. Diamond a renoncé cette année à son bonus, mais il avait fait les gros titres de la presse britannique après avoir reçu en 2007 une prime de 21 millions de livres (34 millions de dollars CAN).

Barclays a tenté de calmer le jeu en annonçant dès la nomination de son nouveau directeur général que son salaire serait «en ligne avec celui des autres dirigeants de banques». Soit l'équivalent de 100 000 livres (160 000$ CAN)  par mois auquel s'ajoutera un bonus de 3,4 millions de livres (5,4 millions CAN) «maximum».

En désignant M. Diamond, qui a peu d'expérience des activités bancaires aux particuliers et aux petites entreprises, Barclays semble aussi faire peu de cas des priorités économiques du gouvernement britannique.

Le ministre des Finances George Osborne avait vivement reproché cet été aux banques britanniques leur désintérêt à l'égard des PME fragilisées par la crise et qui ne reçoivent des crédits qu'au compte-gouttes.

Le gouverneur de la Banque d'Angleterre Mervyn King avait joint sa voix aux critiques, en estimant que les grandes banques ne faisaient pas assez d'efforts pour aider les PME. Selon lui, la façon dont certaines sont traitées a de quoi «briser le coeur».