La banque centrale japonaise va tenir en début de semaine une réunion d'urgence pour discuter de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire, dans l'espoir d'endiguer la hausse du yen, selon des informations de la presse économique parues ce week-end.

Au vu de l'appréciation de la monnaie nipponne, au plus haut depuis quinze ans face au dollar et depuis neuf ans face à l'euro, les responsable de la BoJ estiment indispensables de nouvelles mesures pour ramener la sérénité sur les marchés, selon des informations du Nihon Keizai Shimbun (Nikkei).

Le Wall Street Journal, qui annonce également une telle réunion en citant des personnes proches du dossier, relève que le ministre japonais des Finances Yoshihiko Noda s'est engagé à prendre des mesures «décisives» pour mettre fin à la hausse du yen si cela devait s'avérer nécessaire. Dans le passé, les responsables nipppons ont souvent utilisé une telle formulation à la veille d'une intervention, relève le quotidien américain des affaires.

La hausse du yen rend moins compétitif les produits d'un pays dont l'économie repose encore largement sur l'exportation et pèse sur le sentiment des industriels, menaçant encore un peu plus une reprise déjà poussive.

Le taux directeur japonais étant maintenu depuis des années au niveau extrêmement bas de 0,1%, toute la question est de déterminer quelle est la marge de manoeuvre à la disposition de la banque centrale.

Le Comité de politique monétaire de la BoJ semble partagé sur la pertinence d'un nouvel assouplissement, certains de ses membres estimant qu'il devrait se donner un peu plus de temps encore pour étudier l'impact du yen fort sur l'économie, ajoute le Nikkei, sans identifier ses sources.

Si la situation sur les marchés devait se stabiliser en début de semaine, le comité pourrait retarder sa décision jusqu'à sa réunion ordinaire des 6 et 7 septembre, ajoute le quotidien économique japonais.

Le Wall Street Journal estime pour sa part plus plausible une réunion extraordinaire de la banque centrale dès ce lundi ou mardi.

En outre, le Premier ministre Naoto Kan a demandé au ministre de l'Industrie de préparer un plan «pour promouvoir l'investissement dans le pays» d'ici octobre, dans un souci de défendre l'emploi, rapporte la presse japonaise dimanche.

L'idée est de se servir des quelque 200.000 milliards de yen (2.360 milliards de dollars) qui dorment sur les comptes de dépôt des entreprises japonaises pour stimuler l'investissement et la création d'emplois.

Durcissant sa position initiale, M. Kan a aussi mis la pression sur la banque centrale - théoriquement indépendante du pouvoir politique - pour qu'elle prenne de nouvelles mesures pour soutenir l'économie de l'archipel, qui reste engluée depuis des années dans un cycle déflationniste.

M. Kan a indiqué qu'il rencontrerait le gouverneur de la Banque du Japon la semaine prochaine, à son retour des Etats-Unis.

Comme chaque année, les principaux banquiers centraux de la planète étaient réunis la semaine dernière à Jackson Hole, un lieu de villégiature huppé du Wyoming (nord-ouest des Etats-Unis), à l'invitation de la Réserve fédérale. Ils ont donc eu tout loisir de discuter des avantages et des inconvénients d'une intervention concertée des banques centrales internationales.

De son côté, le président de la Fed Ben Bernanke a indiqué cette semaine que la banque centrale américaine n'hésiterait pas à prendre des mesures additionnelles si les risques de rechute de l'économie devaient se préciser.