Certains pays parmi les plus riches du monde, en proie à de graves difficultés budgétaires, vont être incapables de rembourser tout ou partie de leur dette, estime la banque américaine Morgan Stanley dans une étude publiée mercredi.

«La question n'est pas de savoir si des gouvernements vont faire faillite, mais comment», affirme Morgan Stanley, dans une étude consacrée à la dette des États et qui ne cite aucun pays en particulier.

La banque d'affaires juge que le ratio entre la dette et le PIB (produit intérieur brut) est devenu trop élevé et que les problèmes budgétaires ont été considérablement sous-estimés par plusieurs gouvernements de pays riches.

Selon l'étude, la crise de la dette qui a touché la zone euro début 2010 est loin d'être terminée et ne concerne pas que les pays les plus fragiles.

Du fait de cette situation, les créanciers des États s'exposent à ne jamais être remboursés, au point que Morgan Stanley juge que le conflit entre les deux parties est «plus intense que jamais».

Pourtant, il existe des alternatives au défaut total sur la dette, à savoir par exemple imposer aux créanciers un taux d'intérêt négatif, grâce notamment à l'inflation, ou artificiellement bas, des solutions déjà utilisées dans le passé, rappelle la banque.

Morgan Stanley avertit enfin que les conditions d'emprunt actuelles, favorables aux États dont les obligations font figure de valeur refuge pour les marchés, ne les protègent pas d'un éventuel défaut.

Si les investisseurs se ruent sur les emprunts d'État, c'est qu'ils craignent une rechute de l'économie. Or, un fort ralentissement de la croissance plombera les revenus tirés des impôts, ce qui alourdira d'autant le déficit.

Cette étude est publiée alors que l'agence de notation Moody's a averti la semaine dernière que la France, les États-Unis, l'Allemagne et la Grande-Bretagne s'étaient encore rapprochés du moment où ils pourraient perdre leur note maximale «AAA», en raison de leurs difficultés budgétaires.

Moody's indiquait toutefois que pour l'heure leur note triple A, la meilleure possible, restait solide et que leurs perspectives demeuraient stables.