Des assistances en hausse. De nouveaux commanditaires. Aucune mise à pied. La récession ne s'est pas fait ressentir très fort sur les courts de tennis de la WTA.

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«Le tennis a la capacité de maîtriser une récession. Nous avons généré de la croissance dans des temps économiques difficiles», dit Stacey Allaster, PDG de la WTA, le circuit de tennis féminin qui débarque à Montréal cette semaine pour la Coupe Rogers, en entrevue avec La Presse Affaires.

Depuis deux ans, les assistances aux tournois de la WTA sont en hausse de 11%. «Le tennis est un sport spécial, dit Stacey Allaster, une Torontoise qui a travaillé 15 ans à Tennis Canada avant d'être nommée à la WTA en 2006. C'est un engagement d'une semaine par année, pas 80 matchs par année. Même durant la récession, les gens viennent au tennis. Peut-être qu'ils achètent une séance au lieu de deux, peut-être qu'ils prennent des billets à 50$ au lieu de 100$, mais ils viennent au tennis.»

La WTA n'administre pas ses tournois. Ce sont plutôt des fédérations nationales de tennis (comme Tennis Canada avec la Coupe Rogers), des promoteurs privés (les agences IMG et Octagone) et des gouvernements qui gèrent les tournois, mais un vérificateur indépendant a accès à leurs livres afin que la WTA puisse connaître la fluctuation des revenus.

«C'est certain que les marges de profit des tournois sont sous pression durant une récession», admet Stacey Allaster.

Depuis deux ans, la WTA a ajouté deux commanditaires, l'entreprise de produits de beauté Oriflame en Europe et l'équipementier chinois PEAK en Asie. Mais surtout, Stacey Allaster a réussi à renouveler l'entente de commandite avec Sony Ericsson, qui payait 15 millions US par année depuis 2005.

Le circuit féminin a apporté plusieurs changements à sa structure de tournois afin d'obliger ses meilleures joueuses à disputer ses tournois les plus lucratifs, comme la Coupe Rogers. Résultat: les bourses ont été augmentées de 35% depuis deux ans pour atteindre 85 millions US. À compter de l'an prochain, les bourses seront ajustées annuellement à la croissance des revenus. «L'an prochain, les bourses devraient augmenter de 3% à 5%, dit Stacey Allaster. Ça veut dire que nous générons de la croissance dans des temps économiques difficiles.»

La WTA fait aussi de l'oeil au circuit masculin de l'ATP. Cette année, 20 de 52 tournois de la WTA sont des tournois mixtes où les meilleurs joueurs et les meilleures joueuses au monde se partagent les courts. L'an prochain, six des neuf tournois féminins les plus importants - dont la Coupe Rogers - seront des tournois mixtes. Est-ce un prélude à la fusion des deux circuits professionnels? «Au plan commercial, les promoteurs vendent les deux circuits ensemble, dit Stacey Allaster. Qu'est-ce qui va arriver au plan de la gouvernance? On ne doit pas s'en faire avec ça.»

Une expansion dans l'empire du Milieu

Si Stacey Allaster garde un oeil sur les données économiques en Amérique du Nord et en Europe, ses deux principaux marchés, la PDG de la WTA a aussi la Chine dans sa ligne de mire. «L'un de nos quatre plus importants tournois a lieu à Pékin, dit-elle. En Chine, l'état du tennis ressemble au nôtre dans les années 80. Le gouvernement chinois fait du tennis une priorité. Il ne faut pas beaucoup de temps ni d'espace pour jouer au tennis. La Chine construit beaucoup de terrains sur les toits des immeubles.»

Pour sa campagne de séduction dans l'empire du Milieu, le tennis féminin a un atout supplémentaire dans sa manche: une vedette chinoise. Plus tôt cette année, Na Li est devenue la première athlète chinoise à percer le top 10. «Notre popularité dans certains pays fluctue au même rythme que les succès de certaines de nos joueuses, dit Stacey Allaster. Pour le moment, nous avons l'avantage d'avoir une vedette chinoise. Dans quelques années, ça pourrait être une vedette masculine.»

La WTA compte actuellement des joueuses de neuf pays au sein du top 10 - une bénédiction pour ses dirigeants qui peuvent ainsi viser plus de marchés en même temps. «C'est un avantage concurrentiel intéressant, dit Stacey Allaster. Maria Sharapova est très populaire au Japon, Serena et Venus sont importantes pour nous dans le monde entier, mais beaucoup aux États-Unis, et Na Li est une vedette en Chine. Mais le tennis masculin est plus populaire que le tennis féminin en Espagne à cause de Rafa. Même chose en Grande-Bretagne avec Andy Murray. Nous sommes tributaires de nos vedettes.»