La Chine, qui vient de ravir au Japon le titre de deuxième économie du monde au dernier trimestre, doit aujourd'hui faire face à la menace d'une baisse de la demande d'exportations, de hausses des salaires et des créances douteuses à la suite d'un volume record de prêts.

Ainsi, la fierté nationale de la Chine, stimulée par le titre de «numéro deux mondial», pourrait bien compter pour peu si le pays ne réussit pas à accroître la consommation intérieure et à réduire sa dépendance envers les exportations et les investissements pour assurer sa croissance économique, estime Brian Jackson, stratège spécialiste des marchés émergents de la Banque Royale du Canada à Hong-Kong.

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La croissance des exportations et des dépenses d'investissement qui a alimenté la progression de la Chine jusqu'au rang de superpuissance économique est dorénavant en péril tandis que les consommateurs européens et américains réduisent leurs achats et que les stimulants économiques du pays à hauteur de 588 milliards US achèvent. En outre, le surplus commercial grandissant de la Chine menace de raviver les conflits avec les États-Unis.

«Au cours des 30 dernières années, la Chine a reproduit le modèle de croissance axé sur les exportations qui avait fait le succès du Japon au début des années 80», explique Patrick Chovanec, professeur à l'Université Tsinghua, à Pékin. «Voyez ce qui est arrivé au Japon depuis ce temps, ajoute-t-il. Le pays n'a pas réussi à s'adapter et il s'est égaré.»

Dimanche, le Japon a annoncé que son économie avait crû à un taux annualisé de 0,4% au cours du trimestre terminé le 30 juin dernier, soit moins que toutes les 19 estimations recueillies lors d'un sondage de Bloomberg News, résultat qui place le pays au troisième rang quant à sa taille économique derrière les États-Unis et la Chine. Le pays ne s'est pas encore remis de l'effondrement immobilier et boursier survenu il y a deux décennies. À ce moment-là, plus précisément le 29 décembre 1989, l'indice boursier Nikkei 225 valait quatre fois son niveau actuel.

Au deuxième trimestre de la présente année, le produit intérieur brut nominal du Japon s'établissait à 1288 milliards US, moins que les 1337 milliards US de la Chine, ont indiqué dimanche les autorités japonaises. Celles-ci ont toutefois souligné que pour la première moitié de 2010, l'économie japonaise avait été supérieure à celle de la Chine, le PIB atteignant 5070 milliards US contre 4900 milliards US pour la Chine.

L'an dernier, la Chine a ravi aux États-Unis le titre de plus grand marché automobile du monde et à l'Allemagne celui de plus important exportateur. Le pays vient au premier rang des acheteurs de minerai de fer et de cuivre et au deuxième rang des importateurs de pétrole brut.

«Sur le marché de la consommation, qui nous intéresse plus particulièrement, nous observons une croissance formidable en Chine», avance Mark Mobius, qui gère des actifs d'environ 34 milliards US à titre de président de Templeton Emerging Markets Group. «Le gouvernement a indiqué très clairement qu'il souhaite réduire l'importance des exportations à titre de locomotive de l'économie et à faire en sorte que les dépenses de consommation jouent un rôle plus grand», ajoute-t-il.

Il reste que la dépendance envers les exportations et les investissements ont fait baisser la consommation intérieure en Chine à 35% du PIB, le plus faible pourcentage parmi les grandes économies, comparativement à 45% il y a une décennie, a indiqué la Société Générale AG.

1377

milliards US Valeur de l'économie de la Chine (produit intérieur brut) au deuxième trimestre 2010, laquelle supplante pour la première fois la taille

de l'économie japonaise (1288milliards US).

90 fois

L'économie chinoise est 90 fois plus importante aujourd'hui qu'elle ne l'était en 1978, lorsque le gouvernement de Deng Xiaoping a ouvert les portes à l'économie de marché dans son pays.

2027

Au rythme actuel, l'économie chinoise sera plus importante que celle des États-Unis à compter de 2027, selon les projections de la firme Goldman Sachs.